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Entrer dans sa bulle de confort

Je suis une gourou du «sortir de sa zone de confort». Je suis capable de marcher avec un caillou dans mon soulier un peu trop longtemps et sans rien dire à personne. Conséquence; je supporte pendant des jours qui deviennent des mois et à mon grand étonnement, des années, une situation devenue inconfortable. Une fâcheuse habitude que j’ai développée depuis trop longtemps et que j’ai décidé de contrer.

Après être sortie de ma zone de confort pendant plusieurs années, notamment en explorant d’autres contrées, je me suis rendue compte qu’il faudrait peut-être que j’accepte aussi de rentrer dans une «bulle de confort». Et que ce n’était pas forcément mauvais ou péjoratif. Que l’on pouvait vivre dans un environnement confortable, et sécuritaire, dans lequel on a ses repères et où l’on se sent bien, tout en gardant ses valeurs. Et, de fil en aiguille, j’ai réalisé que j’avais le droit de m’accorder du confort dans toutes les sphères de ma vie.

Supporter l’inconfort

Tout a commencé au Sénégal. Après plusieurs journées sans pouvoir prendre une vraie douche et à supporter un accès restreint à l’électricité et à internet, je commençais à ressentir ce manque de confort. Je me suis d’abord beaucoup jugée. Je m’en voulais d’avoir fait ce «grand voyage» pour finalement me plaindre de ces désagréments. Après tout, cela faisait partie de l’expérience. J’ai partagé ma culpabilité avec une amie installée sur place, depuis plusieurs années, qui m’a assurée que ce sentiment était légitime.

De l’utile à l’agréable

J’ai compris au fur et à mesure de ma réflexion que je m’étais auparavant souvent volontairement privée de «confort», entre autres parce que j’avais été éduquée selon la règle du «En as-tu VRAIMENT besoin?», avant d’acquérir quelque chose. Mon cerveau était donc programmé non pas pour l’acquisition de choses jolies ou confortables, mais d’objets utiles. Grâce à mon expérience en Afrique, j’ai réalisé que j’avais le luxe de vivre une  vie « confortable » et que de m’en priver ne réduirait pas la pauvreté ou le manque d’accès aux autres.

Aller vers le confort

Confort. Rien qu’en pensant à ce mot, je me sens enveloppée de chaleur, de douceur et d’un sentiment de bien-être. Et pourtant cela me prend de reformater mon cerveau pour aller dans cette direction, accepter et embrasser le confort, synonyme d’«inaccessible». Accepter le confort devient finalement une manière de sortir de ma zone de confort. Et j’ai découvert qu’il se niche dans des petits détails du quotidien, qui nécessitent parfois seulement quelques petits ajustements.

L’inconfort c’est par exemple le pull qui gratte, l’ampoule qui grésille, le bouton qui manque au chemisier, le fichu courant d’air qui gèle les pieds. Les exemples sont par milliers et souvent faciles à changer. Et pourtant ils deviennent parfois des montagnes. Procrastination? Peur du changement? Dévalorisation personnelle? Que sais-je…

Un choix de vie

Le confort n’est pas seulement matériel. Revenir m’installer à Montréal, après avoir vécu au Manitoba, en Afrique et en France, a été un choix «confortable». Les chocs culturels sont minimes, j’y ai mes repères, mes amis, je m’y sens en sécurité et j’ai accès à une panoplie d’activités. En bref, j’ai fait le choix de me réapproprier une routine quotidienne et de retomber dans «la facilité». Je crois fermement que sortir de sa zone de confort permet de nous faire évoluer et grandir en permanence. Mais cela m’a aussi amenée à m’interroger. 

Une fois que l’on a trouvé un lieu qui nous convient et un environnement qui nous rend heureux, doit-on se mettre de la pression pour trouver mieux ailleurs? À partir de combien de temps une situation devient-elle «trop» confortable, au point que nous sentions le besoin d’en sortir? Existe-t-il différents niveaux de confort? Et un temps limité? Finalement, sortir de ma zone de confort, m’a appris à reconnaître et à apprécier ce qui me convient, mais aussi à  exprimer mon mal-être quand je ne me sens PAS confortable.

Et puis quand j’ai besoin d’un peu de nouveauté et de piment, je n’ai qu’à tester une nouvelle activité ou à ajouter un brin d’audace à mon quotidien!