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L’intuition inspirée

Comment vivre des années en ayant le sentiment d’être l’esclave de sa propre vie sans se sentir épanoui alors qu’autant d’options s’offrent à nous? L’être humain est doté de cette incroyable faculté de penser, réfléchir, se remettre en question. Nous sommes une génération qui se remet définitivement en question. Je crois que toutes les strates de la société, des plus jeunes aux plus vieux, s’entendent sur ce fait. Un reproche qui revient souvent à la charge pour différentes raisons dans les multiples discussions spirituelles et psychologiques auxquelles j’ai eu l’heureuse occasion de prendre part (parfois en étant moi-même le cœur du sujet, et d’autres fois en étant l’auditrice curieuse) est : « Tu penses trop. » C’est sûrement là le début de la réponse à la question qui tue mentionnée en première ligne.

 

Parce qu’on nous apprend depuis notre plus jeune âge à réfléchir. Réfléchir avant d’agir, réfléchir à son avenir, réfléchir au même moment de dormir (ok, ça c’est peut-être réservé aux plus analytiques d’entre nous). Tu vois le topo? On apprend à s’éloigner de notre cœur pour mieux suivre la logique. Mais j’aimerais bien rencontrer cette personne qui a décidé un jour que le cœur n’a pas de logique, donc qu’il faut nécessairement utiliser sa raison pour bâtir sa vie.

 

Quel gâchis de se laisser mijoter pendant des années dans la marmite du raisonnable, mais pourtant si loin de nos véritables sentiments. Ton intuition te tend la main, elle crie, se démène dans la foule de tes doutes, tes insécurités, tes pensées programmées, tes habitudes, ton confort, la pression de ton entourage. Elle agite ton cœur devant tes yeux, mais tu restes bloqué devant ton écran de lucidité. Mais est-ce que c’est vraiment ça, être lucide? Est-ce qu’être sensé est vraiment de suivre la voie de la raison, de la pensée, de la logique…du « qu’en dira-t-on »?

 

Dans un autre ordre de pensée, mais tout en restant en continuité (tu vas voir petit à petit où je veux en venir : attention suspense à la Steven Spielberg ici), j’ai eu la chance de rencontrer des massothérapeutes, chiropraticiens et ostéopathes qui s’entendent pour dire qu’on désapprend à bien respirer (j’ai une vertèbre dans le dos qui s’amuse à rotationner sur elle-même qui peut te le confirmer!). Ouaip, ma respiration jadis parfaite à la naissance s’est tranquillement déviée du ventre vers la cage thoracique ce qui ne plaît guère à ma vertèbre en phase avec mes poumons. De petites respirations brèves. Pressées. Et je suis loin d’être un cas isolé, c’est même plutôt tendance, paraît-il. Hormis le fait que je faisais maintenant partie de la clique de personnes « in » qui respirent mal,  cette idée m’a frappée : on désapprend à bien respirer.

 

Si l’on désapprend à bien respirer, on désapprend certainement autre chose dans notre vie…comme écouter son intuition. Un enfant a cette aptitude de si habilement s’écouter, suivre ses envies, ses goûts, ses préférences. Il fait naturellement instinctivement ce que bon lui semble, avant d’être conditionné à respecter certaines règles. C’est certain que recevoir une pelure de banane sur la tête parce que bébé avait envie de lancer sa pelure de banane n’est pas l’idéal en société, mais tout ça a au moins le mérite d’être vrai et senti!

 

La vie a cette faculté d’être merveilleusement épanouissante lorsqu’on prend le temps de faire « pause » dans le film de notre histoire, de s’écouter, discerner nos réels désirs en faisant abstraction de toute autre source d’influence, y compris notre mental. La vie peut être simple, et épanouissante. Bonne nouvelle! Lorsqu’on sent que notre vie tourne en rond ou que l’on n’est pas satisfait comme nous avons l’intuition que nous pourrions l’être, le premier bon choix intuitif et complètement bien senti que nous ferons sera ardu, car nous sommes bien conditionnés à penser avec notre tête. Mais ensuite les maillons d’une vie comblée se mettront de plus en plus facilement en place, prenant plaisir et facilité à suivre cette vraie raison qu’est la raison du cœur.

 

Ainsi soit-il, si vouloir suivre son intuition est être exigeant, alors je suis exigeante et fière de l’être. Le contraire serait à mon avis l’équivalent d’acheter du linge cheap en rabais toute sa vie parce que c’est en rabais (donc logique à acheter) et qui nous plaît plus ou moins, alors qu’on a les moyens de se payer un morceau en concordance pile-poil avec ses goûts. On se rend compte avec le temps (ah, cette chère et précieuse sagesse!) qu’il vaut souvent bien plus la peine d’investir quelques sous de plus et porter à l’infini ce fameux t-shirt coup de cœur. Parce que ce fût un coup de cœur. Ce fameux tee-shirt qui te fait sourire intérieurement à chaque fois que tu le portes. À la différence de son comparse acheté en solde qui finit dans le terroir d’acariens. Alors, pourquoi continuer de faire le choix de se faire plus ou moins plaisir.

 

As-tu le goût que ta vie soit potentiellement apte à un marché aux puces parce que tu n’as fait qu’une succession de choix logiques et supposément sensés? Je pourrais continuer de te faire plusieurs autres superbes métaphores inspirées, mais je pense que t’as compris le concept. Oui, ça vaut la peine d’investir dans du linge coup de cœur, et ça vaut certainement des billions de fois plus la peine d’investir dans ton cœur et de l’écouter, lui, si souvent diminué en valeur.

 

On nous a enseigné la raison. Il serait sûrement temps d’écouter son cœur, son intuition, afin que cette petite voix devienne plus que raisonnable. 

 

 

Illustration : Myriam Des Cormiers