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OÙ EST LA RELÈVE DANS LA SALLE?

Nous étions jeudi dernier à la Foire des entrepreneurs qui se tenait au Centre de foires de Québec pour le dévoilement de l’Indice entrepreneurial québécois (entre autres).

À titre de représentantes de la nouvelle génération de passionnés que sont Les inspirés, nous voulions assister au panel, savoir ce qui se dirait sur nous les « rrrggeunes » et surtout, entendre quels seraient les enjeux identifiés et solutions proposées. C’est qu’on a comme notre petite idée là-dessus.

Sans grand étonnement, nous nous sommes vite retrouvées sur le bout de notre chaise à tweeter quelques commentaires à défaut d’oser couper la parole à PKP ou au fameux Dragon de Radio-Can.

En gros, nous étions d’accord avec pas mal tout ce qui se disait, mais à maintes reprises, nous aurions aimé apporter de nouveaux points, des nuances, des arguments et des pistes de réflexion qui sortent du discours récurrent (et un peu stérile) que nous entendons encore et encore au sein du réseau de soutien à l’entrepreneuriat québécois depuis trop d’années (parole d’ex-employée de ces réseaux).

Après avoir dormi là-dessus, nous nous sommes dit que ç’aurait été une pas mal bonne idée de nous inviter à ce panel-là… bahahaha.

N’empêche, dans notre tête, on se voyait super bien assises aux côtés de ces respectables messieurs pour représenter ceux qui faisaient l’objet de leur discussion : la relève entrepreneuriale (laquelle, vous vous en doutez, nous préférons appeler simplement la nouvelle génération d’inspirés) somme toute en minorité dans la salle.

 

« VOUS FAITES FAUSSE ROUTE EN PENSANT QUE LES MODÈLES QUI ONT FONCTIONNÉ POUR VOUS SONT CEUX QUI FONCTIONNERONT POUR LA RELÈVE. »

 

C’est ce que nous aurions voulu dire. Les intervenants des réseaux traditionnels sont motivés par les meilleures intentions du monde, nous en sommes convaincues. Au cours des dernières années, ils ont fait un sacré bon boulot pour mettre l’entrepreneuriat à l’agenda, le rendre trendy. Par contre, il y a une limite à leur discours : leur méconnaissance de ce qui se passe dans la tête, dans l’environnement et dans la vie de la nouvelle génération de visionnaires et de passionnés.

Une méconnaissance qui nous donnait le goût de lever la main pour dire :

 

1. La relève entrepreneuriale existe encore plus que vous ne le pensez. Elle est bien vivante. Mais elle ne ressemble en rien à ce que vous recherchez. Elle n’est pas toujours dans les regroupements d’affaires, mais souvent dans les quartiers éclectiques et bouillonnant d’idées. Elle n’est pas toujours habillée chic, mais elle n’est pas nonchalante pour autant. Elle vit dans un univers complètement différent, voire indépendant du vôtre. Nous savons que ce n’est pas là que vous êtes à l’aise, que vous ne maîtrisez pas les codes de cette micro-société, mais quoi que vous vouliez, c’est là que vous la trouverez.

 

2. Il est fort possible, voire inévitable, que le fruit de son travail n’égale pas la continuité des entreprises existantes. Les temps ont changé, les modèles d’entreprises aussi. La relève veut créer (des projets, des solutions, pas juste des entreprises) et non gérer quelque chose créé par d’autres avec des valeurs différentes des leurs.

 

3. Si l’enjeu est au niveau du passage à l’action, c’est peut-être parce qu’on ne reconnaît pas assez ceux qui sont déjà allumés, engagés dans une démarche de réflexion, de création et/ou d’innovation, peu importe le stade d’action où ils se trouvent. Peu importe le milieu ou le secteur d’activité où ils se trouvent.

 

4. L’étiquette d’entrepreneur et le modèle auquel elle réfère ne colle pas vraiment à la peau de plusieurs inspirés. Ça vaudrait la peine de diversifier le vocabulaire et la définition de ce qu’est un entrepreneur. Pour que personne ne se sente obligé d’apprendre le jargon, mais osent plutôt entreprendre comme ils sont.

 

5. Les modèles traditionnels d’entrepreneurs à succès ne sont pas ceux qui inspirent le plus la nouvelle génération. Même que ceux-ci – jeunes ou vieux – ne sont pas toujours les meilleurs messagers pour promouvoir l’entrepreneuriat. Il faut arrêter de proposer une « recette » et une définition universelle de la réussite à travers des modèles qui se ressemblent.

 

6. Ce n’est pas la finalité qui motive la relève, c’est l’idée de possibilités. Et les possibilités ne prennent pas juste la forme de l’exportation à l’international ou de la création d’emploi. Les possibilités qui animent les inspirés sont aussi nombreuses que leur définition du succès, les modèles possibles sont infinis.

 

7. Si vous voulez que la relève passe à l’action, ne leur parlez pas de développement économique, de création de richesse ni de devoir social. Parlez-leur de créer, de partager leur passion, de contribuer avec leur vision et leurs idées. Parlez-leur de construire un projet de vie à leur image, d’apprentissage et d’épanouissement infini.

 

D’ailleurs, quand on y pense, on déteste l’expression « mobiliser la relève ». Pourquoi? Parce que dans la vie, on ne peut pas être mobilisé de l’extérieur. C’est une job qui se passe en dedans des personnes. C’est une flamme qui peut être amplifiée au point de quasiment exploser, oui. Ça arrive quand on la nourrit à grandes doses de possibilités.

 

Plus on affirme que ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas pour nous est une vérité pour tous les projets (comme dire : je ne crois pas au télétravail).
Plus on condamne à l’avance les idées qui n’ont soi-disant « pas fait leurs preuves » (comme rigoler au sujet des entreprises lifestyle).
Plus on essaie de trier les projets au nom du développement économique…

Plus on limite la créativité.
Plus on limite les possibilités.
 

C’est peut-être pour ça que bien souvent, la relève préfère faire sa petite affaire de son bord, dans un éco-système différent, émergent.

Mais, hé! Si vous voulez mieux la connaître, on sera là pour vous la présenter.

 

Signé, Les inspirés.