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Portrait: Danielle, de saison en saison

Chaque mois, nous présentons des individus inspirants issus de différents types de milieux, des gens que l’on connait de près ou de loin et qui tentent de construire une vie personnelle et professionnelle à leur image, autour des valeurs de bienveillance, de respect de soi, de sens et de saine performance.

Ce portrait met de l’avant Danielle Matte, une apprenante De Saison qui gravite autour des mêmes intérêts que nous. Nous nous sommes connues dans le cadre d’un collaboratoire des Inspirés et avons gardé contact depuis!

En quelques questions en vrac, cette maman fonctionnaire et créative, introvertie, rêveuse, télétravailleuse et amoureuse d’art et des livres nous partage un peu de son histoire, de sa vie de famille, ses rituels et ses passions. Un portrait loin d’être beige, plutôt rempli de la beauté de l’essentiel.

Bonne lecture!

 

Parles-nous un peu de toi. Comment te décris-tu personnellement? 

Une maman avant tout autre chose, car c’est comme ça que je me sens dans tous les aspects de ma vie, dans tout ce que je fais, je dis, je pense. Être mère m’habite pleinement. Bref, je le ressens comme une extension de ma personne.

Sinon, ma personnalité peut être résumée en trois éléments : esprit créatif, indépendante, calme. Aussi, je me rappelle qu’à un live Facebook De Saison, on avait parlé des valeurs et on avait nommé la beauté comme en étant une. J’étais vraiment contente qu’on la considère ainsi, parce que ça fait partie intégrante des miennes. 

Je suis visuelle et manuelle. J’aime créer, particulièrement dessiner; un simple crayon HB et une feuille de papier blanche me suffisent pour faire mon bonheur ! J’aime tout ce qui touche à l’art. Je suis naturellement attirée par les couleurs, les textures, les formes… 

 

Quel est ton parcours de vie, ton histoire?

J’ai étudié la commercialisation de la mode au CÉGEP. Toutefois, ce n’est un secret pour personne, ce domaine est une jungle qui ne sied aucunement à ma personnalité calme et introvertie ! J’ai donc continué mes études à l’université en administration, option comptabilité. Bien qu’éclectique, mon parcours d’études me caractérise. J’aime l’art, la mode, la beauté, le design… mais pas pour en faire un métier. J’ai besoin de structure, de stabilité.

Je mène une vie somme toute simple et douce, en banlieue de Québec avec ma fille de trois ans et son père. J’aime être à la maison. Il y a un mot en anglais pour ça : homebody. Cependant, ça n’a pas toujours été le cas. J’ai longtemps cru que le bonheur se trouvait ailleurs, voulant le plus d’étampes possibles sur mon passeport. Remplir mon sac à dos, partir seule sur un coup de tête en Asie, en Europe; ce sont des expériences de vie que je suis tout de même heureuse d’avoir vécu, avant d’être mère surtout. Néanmoins, aujourd’hui, j’aspire plutôt à une stabilité. Et je crois l’avoir trouvée.

Bien que je m’ennuie beaucoup de ma famille et mes amis, il va sans dire que je vis très bien avec le confinement ! D’ailleurs, De Saison a récemment partagé un article sur ceux pour qui la pandémie avait été bénéfique. J’avais répondu que c’était le cas pour moi, mais que je ne le criais pas nécessairement sur tous les toits. Je me garde une gêne. Trop de personnes autour de moi ont perdu leur travail, vivent des deuils et peinent à jongler avec leur santé mentale. J’ai la chance d’être bien dans ma bulle et d’avoir un travail stable qui n’a pas été impacté par la situation. 

J’ai aussi obtenu un nouveau poste de travail en pleine pandémie. J’œuvre comme conseillère en performance organisationnelle pour le gouvernement du Québec. En d’autres mots, je m’occupe de tout ce qui est reddition des comptes ministériels. Je suis très heureuse d’occuper ce poste, bien qu’encadré par tout ce qui est politique, directive, orientation, name it… gouvernemental, j’ai une belle autonomie dans le déroulement de mes mandats. Je peux dire que je suis sur mon X, mais ça n’a pas toujours été le cas.

 

Quelque chose de difficile que tu as eu à traverser dernièrement?

Dernièrement, non, mais au début de ma carrière professionnelle, j’ai eu à remettre mes choix en question, car ils ne répondaient pas à mes valeurs.  J’ai travaillé quelques années dans le domaine financier et j’y ai été très malheureuse. C’est un tout autre monde, je dis souvent qu’on pourrait en faire une série télé. Le PR (se vendre pour chercher des clients),  la misogynie, la concurrence, c’était très peu pour moi. J’ai quitté le domaine, avant que ce soit ma santé mentale qui me quitte. Ce fût donc une période difficile, puisque je devais accepter ou plutôt laisser la place à qui j’étais vraiment.

 

As-tu un projet personnel ou professionnel qui t’inspire?

Je suis contente que vous posiez cette question, parce que j’ai longtemps cru que je devais me définir par rapport à un projet X. Que mes passions devaient être transformées en projet, afin de les rendre crédibles. Je me suis mise beaucoup de pression en ce sens. Ma liste était longue et mes ambitions, plus ou moins là. Je sentais comme une obligation de transformer mes intérêts en projet. Mais j’avais tout faux. Je ne suis pas obligé de vivre de mes passions. Mes passions me font plutôt vivre intérieurement, en tant que personne. C’est peut-être la sagesse et la maturité qui me font dire ça maintenant. J’ai lu dernièrement le livre Reinventing Organizations – Vers des communautés de travail inspirées de Frédéric Laloux et cet extrait m’a beaucoup inspirée  : « … cessons de fixer des buts à notre vie et de lui dicter la direction qu’elle devrait prendre, … apprenons à lâcher prise et à être attentifs à la vie qui demande à se vivre à travers nous. »

 

 

Ville ou campagne?

Ville, métropole même! Pour la culture, l’ouverture d’esprit, l’accès à l’art et l’énergie qui s’en dégage. C’est très inspirant.

 

Matinale ou oiseau de nuit?

Matinale, j’aime le calme du matin.

 

Sprint ou marathon?

Sprint fait référence pour moi à du dernière minute. Je préfère le marathon, à mon rythme.

 

Ta saison préférée?

L’automne, pour le sentiment de renouveau que ça apporte. Et aussi (surtout), car je ne supporte pas la chaleur de l’été.

 

Quel est ton plus grand défi, ou un défi récurrent ?

Être une introvertie dans un monde créé par et pour les extravertis. C’est un défi quotidien, je dirais même. Aussi, on parle de plus en plus d’hypersensibilité et c’est un état dans lequel je me reconnais vraiment. Je sens et ressens beaucoup de choses: les sons, la lumière, les mouvements, les textures, je suis très sensible à tout ça. Et ça affecte mon humeur, mon énergie, mes émotions…

 

Qu’est-ce qui t’aide à rebondir quand ça va mal ou à persévérer dans tes projets?

Dans la webdiffusion La classe des originaux de l’UQAM, Marie-Joelle Parent (journaliste/ créatrice de contenu pour Pinterest) mentionnait que pour vaincre son sentiment d’imposture, elle se préparait toujours beaucoup. Je me reconnais en ce qu’elle sent et ce qu’elle fait pour vaincre ce sentiment d’imposture : préparation, préparation, préparation. Et de cette façon, ça peut juste bien aller. Dans le cas contraire, je sais que j’aurai fait de mon mieux.

 

Quelles sont les conditions indispensables à ta satisfaction travail-famille-vie personnelle?

Un mot : télétravail ! Et ça tombe bien, parce que ça fait maintenant un an que je suis en télétravail et ça a complètement changé pour le mieux mon train de vie. Plus de course pour le métro-boulot-dodo. C’est merveilleux!

Exemple avant la pandémie : on se levait à la course, on déjeunait rapidement, pas le temps de jouer, je courais rattraper mon express bus. Je le manquais une fois sur deux, me rabattant sur le métrobus, environ une heure et demie pour me rendre au bureau. Je n’avais même pas encore commencé ma journée que j’étais lessivée. J’arrivais tard au bureau, donc je devais terminer plus tard, pour rattraper mon temps. J’arrivais à la maison vers 18 heures et réchauffais au micro-ondes le souper que j’avais préparé la veille. Parce qu’avant la pandémie, je cuisinais mes soupers la veille, je me couchais parfois à 23 heures, pas parce que j’écoutais des téléromans à la télé. Et non. Pour que quand on arrive à la maison tard le lendemain, on ait un souper prêt à manger et une maison propre. 

Je me rappelle que dans ce temps, je berçais ma fille pour le dodo et je la regardais avec les larmes aux yeux en me disant que je ne la voyais pas grandir. Qui était cette petite fille que je tenais dans mes bras, qu’avait-elle fait ou accompli durant ses journées ? Je n’avais pas le temps de m’arrêter et de l’admirer. Je me disais avec douleur que ce serait comme ça tout le temps. Je serais cette mère absente, trop prise par le rythme effréné des responsabilités de la vie. Bref, je sentais de plus en plus que je touchais le fond, je n’en pouvais plus.

Et paf ! Pandémie. Et re-paf ! Nouvelle job à 5 minutes de la maison. Maintenant, j’ai le temps de cuisiner mes repas à l’heure du souper et non plus la veille! Je peux aller chercher ma fille à la garderie à pied, l’emmener jouer au parc avant le retour à la maison. Me lever calmement le matin, prendre le temps de jouer, se coller, boire mon café dans une tasse et non plus un thermos qui se renverse sur moi dans le bus parce que je suis debout… Le télétravail a véritablement changé pour le mieux mon quotidien et celui de ma famille.

On a un rythme familial assez chill. Ça correspond à notre personnalité à nous trois. Nous ne sommes pas du monde stressé, disons. Je n’aime pas me booker plein d’activités des mois à l’avance; avoir un horaire de président, très peu pour nous. Bien souvent, on va jouer au parc, explorer un petit coin de la région, s’installer devant un bon film et c’est amplement suffisant pour notre bonheur.

 

Comment recharges-tu tes batteries?

Ma fille, tout simplement. Voir la vie à son niveau. La naïveté d’un enfant, son regard tout neuf sur la vie, me ramène les pieds sur terre. À l’essentiel, au moment présent. Ça m’apprend à être ici et maintenant. À sortir de ma tête. Jouer à la poupée, faire des petits casse-tête, colorier dans un cahier, se balancer au parc… C’est très reposant.

 

L’habitude que tu es heureuse de cultiver?

Me lever avant tout le monde dans la maison. J’ai besoin de cette période tampon où tout est calme, où je ne suis pas dérangée par quoi que ce soit. Ça fait toute la différence sur le reste de ma journée.

 

 

Temps blanc : adepte ou néophyte?

Adepte et depuis bien longtemps sans le savoir ! On a toujours dit que j’étais dans la lune. Et c’est vrai ! Je pars facilement dans ma tête, dans mon imaginaire. J’ai une vie très remplie dans ma tête ! Le lot de bien des introverties, d’ailleurs ! Ça me fait penser à un extrait du livre L’Art presque perdu de ne rien faire de Dany Laferrière, à propos des gens qui sont en train de lire, mais qui s’adapte aussi à ceux qui sont dans la lune :

«  On vous croit dans cette pièce alors que vous vagabondez dans d’autres siècles Et cela sans faire le moindre bruit. L’imaginaire crée un si vaste espace-temps qu’il élimine les notions de passé, de présent et d’avenir. L’art est bien la seule tentative de réponse sérieuse à l’angoisse de l’homme face à ce monstre insatiable qu’est le temps. »

 

Quelle est ta façon préférée ou fail-proof de t’accorder du temps blanc?

Me plonger dans une belle image dans un de mes livres et juste la regarder comme ça, quelques minutes, sans que rien d’autre ne viennent interférer mes pensées.

 

Inspiration ou référence culturelle du moment?

Je suis très curieuse de culture, tout nommer serait long et presque impossible. Mais en résumé, ces deux sites web sont mes incontournables : The Socialite Family et Inside Closet. Une émission : Passe-Partout, est-ce que ça compte ?! Des livres, j’en lis énormément et je ne retiens jamais les titres et/ ou les auteurs. Toutefois, je ne pourrais pas vivre sans lecture, c’est ma drogue.

J’écoute beaucoup de musique et j’aime me créer des playlists via Spotifiy. Et chacune de celles-ci me ramène à un état d’âme du moment. Et comme je suis souvent trop fatiguée le soir pour écouter des émissions et des films, je préfère me plonger dans de courtes vidéos Youtube, 15-30 minutes gros max par vidéo, c’est juste assez pour moi ! Des vidéos de mode, beauté, What I eat in a day, Day in the life, des vlogs… Bref, du gros vide cerveau après une journée de travail !