Quitter la magistrature pour devenir écrivain
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie » – Confucius
Parmi les parcours de vie rocambolesques qui m’inspirent, il y a celui de Sybille dont j’ai envie de vous partager.
De nature déterminée, elle a effectué de brillantes études de droit. Sa carrière dans la magistrature s’est présentée sous le même éclat prometteur. En apparence, tout lui souriait… sauf qu’elle se sentait profondément malheureuse dans ce milieu rigide qui ne lui correspondait pas. Car Sybille, petite, rêvait de peindre et d’écrire le récit d’héroïnes au destin flamboyant. Un rêve mis à distance, dans un tiroir de son cœur, pour réaliser celui de ses parents.
Le déclic qui a fait basculer les plans tracés d’avance? La soif de liberté de s’affranchir de l’emprise familiale, l’envie puissante de faire vraiment ce qui la fait vibrer.
Aventure de vie
« Je me sentais prise au piège dans une carrière qui m’éteignait à petits feux. J’ai pensé à plusieurs reconversions possibles, dont celle de devenir peintre. Toutefois, je n’avais pas le courage de me lancer. Le travail de mon mari nous a amenés à déménager aux États-Unis. Je me suis alors retrouvée sans emploi, un nouveau-né à m’occuper et pleins de doutes à dissiper. Cette période de remise en question a été longue et riche en enseignement. Ce n’est que six ans plus tard, après avoir lu le livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité, que je me suis autorisée à rêver ma vie. J’ai donc décidé de lâcher-prise et de me lancer dans la rédaction de mon livre à plein temps, sans par ailleurs chercher un travail dans le domaine du droit.
J’ai donc mis sept ans à écrire mon premier roman, inspiré de l’épopée d’une amie que je trouvais exceptionnelle. Je l’ai envoyé à plusieurs maisons d’édition, mais il n’a pas été retenu. Je suis en train de le réécrire. »
Équilibre de vie
« Même si ce n’est pas facile de vivre dans l’incertitude, je garde le cap vers mon objectif : être publié. Pour cela, le droit m’aura donné les outils nécessaires pour maintenir une discipline de fer et pour développer les stratégies de mise en marché de mon roman. Je me nourris aussi de l’artiste qui sommeille en moi pour me guider.
Je maintiens un équilibre entre mes deux sphères pour me permettre de réaliser mon rêve de vivre de ma plume. J’en suis à mon troisième manuscrit, qui relate l’accomplissement d’une femme sur fond de bouleversements historiques. »
Aller au-delà de ses peurs
« Est-ce que j’ai peur? Toujours. De ne pas être à la hauteur de mon rêve. De ne pas être lu, etc. Je connais même des périodes de découragement.
Mais quand ta passion se transforme en un métier, tu apprends à les surpasser. Je préfère me concentrer sur les bons côtés que me procure ce métier. Écrire me stimule tellement : j’apprivoise le calme, je dispose d’une énorme liberté, j’apprécie la solitude de l’écrivain, j’apprends constamment grâce à mes recherches qui me permettent de coller au plus près de la réalité historique, et surtout, j’aime décortiquer les émotions de mes personnages.
J’ai fait le choix d’aller au bout de mes rêves. Je fais donc confiance en la vie et je visualise que le destin exceptionnel de mes héroïnes saura transporter les lecteurs. »
À la bonne place
« Cette expérience m’a appris à m’autoriser à faire ce qui est bon pour moi, pas ce qui est bon pour les autres. Je me sens à ma place dans le monde l’écriture. J’ai appris à travailler mon style, trouver ma voix et surtout faire naître l’émotion. »
Quelques conseils pour ceux qui veulent devenir écrivain
- Lire énormément
- Regarder le plus possible de films et intéressez-vous à ce qui fait une bonne histoire, la colonne vertébrale, les muscles, les tendons. C’est un véritable corps vivant. Vous pouvez vous inspirer de la biographie de S. King comme de tous les manuels à destination des scénaristes, comme par exemple Anatomie d’une histoire de John Truby. Vous finirez par comprendre que la colonne vertébrale de votre manuscrit déterminera directement le plaisir qu’aura le lecteur. Il vous faut écrire le livre que vous lisiez autrefois nuit et jour, même en vous brossant les dents.
Comment ne pas perdre le feu sacré
« Pour ma part, je m’assois à ma table et j’entre dans la « zone » d’oubli du monde. Autrement, cela risque d’être plus difficile, car le manuscrit me semblera chaotique, avec des niveaux d’écriture différents. De plus, je perdrai le lien avec les personnages qui cesseront de me dire ‘je vais mourir’ ou ‘je reviens de cet endroit où j’ai accompli cette action’.
Une autre option : j’entretiens l’inspiration par des visites aux musées et au cinéma, par des discussions avec des groupes d’amis artistes, dans tous les domaines d’ailleurs, et je me nourris de matériaux visuels. Je suis constamment à la recherche de l’impression que me procure le Beau. »