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Quitter l’enseignement pour une carrière musicale à 27 ans

Pour Véronique Baltazar, la musique est un moyen d’expression incomparable qui a toujours occupé une place importante dans le quotidien. C’est toutefois en enseignement du français qu’elle choisit de faire carrière lorsqu’elle entre à l’université. En 2014, alors qu’elle a 27 ans et qu’elle enseigne depuis quatre ans à temps plein, elle décide de suivre sa voix intérieure et de donner toute la place à la musique en s’inscrivant à la technique en piano jazz au cégep de Saint-Laurent!   

Est-ce que ça faisait longtemps que tu pensais à te lancer en musique? 

À vrai dire, j’y ai pensé à toutes les étapes importantes de mon parcours scolaire. À la fin de mon secondaire, je voulais poursuivre en musique classique. J’ai plutôt choisi d’étudier le cinéma et les communications. À la fin du cégep, j’ai posé ma candidature en enseignement de la musique. On m’a même convoqué en audition, mais j’ai rebroussé chemin par peur. Pendant mon baccalauréat en enseignement du français, j’ai souvent voulu tout laisser tomber pour la musique, mais les auditions me terrorisaient. 

L’enseignement ne t’a pas plu? 

Au contraire! Enseigner et communiquer, ça fait vraiment partie de ma personnalité. Et j’adorais mes élèves. Toutefois, le milieu scolaire m’étouffait. Le cadre scolaire actuel comporte plusieurs problèmes majeurs, alors je ne me voyais pas faire ce travail pour les 30 prochaines années. 

Quel a été l’élément déclencheur qui t’a poussé à faire le saut? 

Ça faisait quelques années que je jouais dans des groupes, j’avais beaucoup d’amis musiciens. Un jour où je me remettais une millième fois en question, un de mes amis m’a demandé : « Si tu aimes tellement la musique, pourquoi tu ne vas pas étudier la musique? » Et j’ai simplement répondu : « Ben oui! » Le lendemain, j’ai dressé une liste d’objectifs à atteindre afin d’être admise en musique. C’est comme si j’attendais qu’on me confirme que j’avais autant ma place en musique que les autres. 

Pourquoi avoir choisi le cégep de Saint-Laurent? 

Au début, j’hésitais entre l’UQAM et Saint-Laurent. Comme j’étais une débutante en piano jazz, j’ai choisi le cégep pour éviter de me retrouver avec des étudiants universitaires qui maîtrisaient déjà les bases. Aussi, la technique en piano jazz à Saint-Laurent est reconnue comme l’une des meilleures; la formation est complète et les professeurs sont excellents. Et, en plus, étudier au cégep coûte beaucoup moins cher qu’à l’université.

En t’inscrivant au cégep, que visais-tu?

Je sentais que j’avais la fibre compositrice en moi, mais je manquais d’outils. Je voulais me rendre aussi loin que mon imaginaire voulait aller. Saint-Laurent allait m’ouvrir des portes, me donner un langage et les bases nécessaires pour cela. J’espérais aussi rencontrer les bonnes personnes à qui m’associer pour jouer mes compositions. Composer, ça fait partie de mes plaisirs dans la vie. 

Par contre, je ne me suis pas permis de croire que je pourrais vivre de mes compositions parce que c’est très difficile d’y arriver. J’irais où la vie me guiderait, et tant mieux si ça pouvait fonctionner. Mon avenir ne me stressait pas, c’était plutôt de devoir répondre à la question « Que vas-tu faire après? » qui me stressait! 

Comment as-tu vécu le retour au cégep à ton âge et avec ton expérience? 

On pourrait penser que c’est problématique à cause de l’écart d’âge, mais je ne l’ai pas mal vécu. Dès mon arrivée, je me suis associée aux étudiants qui avaient une personnalité compatible avec la mienne. J’ai rarement rencontré des personnes aussi riches, matures, ouvertes et sensibles que dans le milieu musical. Jouer de la musique avec des gens, c’est une façon de transcender les âges, c’est un autre mode de communication. 

Et comment se sont passées les études? 

Pendant les trois ans de ma technique, il y a eu beaucoup de moments où j’ai pensé ne pas être à ma place. C’était très prenant, mais surtout, je me mettais une grande pression parce que je ne connaissais pas le milieu. La première année a été difficile, la deuxième encore plus. La troisième s’est mieux déroulée parce que je commençais à mieux comprendre ce nouveau langage. C’est aussi lors de la dernière année que j’ai démarré mon groupe de musique, ce qui a justifié mon retour en musique. 

Quels ont été tes trucs pour traverser ces moments difficiles?  

J’ai essayé plein de techniques : la méditation, le Qigong, l’hypnose, l’ostéopathie. J’ai aussi eu une coach de vie avec qui j’ai travaillé très fort, notamment pour confronter mes peurs.

Comment progresse ta carrière musicale? 

« Carrière musicale », ce sont de grands mots! Disons que le projet qui guide ma vie musicale actuellement se nomme Belshazzar. Il s’agit d’un trio que j’ai formé avec deux amis au cégep. Cette année, on a gagné le concours Ma première place des arts, ce qui nous a donné une certaine visibilité et un grand élan. On est sur une belle lancée! 

Es-tu contente d’avoir osé te lancer en musique?  

Je suis tellement contente que je me dis que ce grand saut dans la musique, c’était assurément mon chemin de vie. Je me sens épanouie plus que jamais de jouer avec deux amis qui sont devenus des frères pour moi. 

Qu’est-ce que tu te souhaites pour la suite? 

Je me souhaite beaucoup de compositions, de créativité et de plaisir à jouer de la musique, tout en faisant de belles rencontres humaines. J’espère aussi un jour me réconcilier avec l’enseignement en contexte scolaire parce qu’enseigner la musique me plairait grandement. Enfin, je souhaite réussir à garder un équilibre entre ma vie personnelle et la musique.

 

Crédit photo: Roxanne Désilets Bergeron