Réinventer le bureau… en nature
Dans la dernière année, plusieurs ont vécu un important changement: le passage au travail à la maison. Avec cette nouvelle réalité, nombreux ont pris conscience de l’importance d’un bon environnement de travail. Et si on saisissait cette opportunité d’explorer de nouvelles façons de faire? Repenser le bureau pour se rapprocher de nos sources, voilà ce que l’on propose.
Le bureau hors-bureau
En entrevue à Radio-Canada, Julie, cofondatrice de De Saison, lance l’idée d’un espace de travail partagé en plein air. Loin des distractions abondantes du milieu de travail citadin typique, on peut prendre du recul, réfléchir stratégiquement et plonger dans nos projets. En s’écartant du rythme plutôt effréné de la ville, on se laisse inspirer par la nature pour laisser plus de place aux choix durables et à l’innovation.
Cet endroit pourrait être en ville ou en marge de celle-ci. Si on prend l’exemple de la ville de Québec, l’espace pourrait se retrouver sur le bord de la rivière Saint-Charles ou alors à l’Île d’Orléans, qui n’est qu’à une quinzaine de minutes en voiture. Peu importe l’emplacement choisi, l’important est de retrouver un contact privilégié avec la nature, le plein air, l’extérieur… bref, tout sauf le cubicule!
Une tendance déjà existante
Cette tendance était déjà présente, sous une forme plus individuelle, bien avant la pandémie. La pratique du nomadisme numérique (digital nomad) a gagné en popularité de manière fulgurante dans la dernière décennie. Principalement portée par la nouvelle génération de travailleurs, cette approche permet de concilier emploi et voyage en œuvrant à la pige de manière « géographiquement libre » . Travailler à distance, sur le bord de la plage ou à la cime de montagnes enneigées, voilà qui est accrocheur… Pourquoi ne pas ramener cette notion de flexibilité à une échelle plus locale en l’intégrant à nos pratiques de bureau?
Des exemples d’ici
Ce concept peut faire rêver ou même sembler un peu utopique. Pourtant, c’est pleinement réalisable et accessible si les entreprises sont prêtes à y prêter les ressources nécessaires.
La preuve existe, ici même au Québec. L’entreprise Mirego, qui a toujours misé fort sur sa culture d’entreprise, s’est taillé une place dans le livre The Culture Quotient grâce à son Mirechalet. Oui, c’est bel et bien un chalet, au cœur de la nature à Charlevoix, mis à la disposition des employés de l’entreprise pour « réfléchir, faire des sprints de travail et célébrer ». Le coprésident de la compagnie affirme que cette initiative stimule la créativité, l’apprentissage, le travail d’équipe et l’échange d’idées. Une gestionnaire mentionne aussi qu’ « il y a un pouvoir sous-estimé au fait de se retrouver au beau milieu des bois. La nature est inspirante, elle stimule les nouvelles idées et pousse à la réflexion » Intéressant!
Un espace du Mirechalet. Source
Autre exemple à Montréal: L’Aire commune, pionnière au pays. Réunir travail, soleil, bonne bouffe et événementiel: voilà la réussite de ce tout premier espace de coworking en plein air au Canada. Unique en son genre, on y retrouve un service de nourriture et de bar en plus des plantes à profusion, des parasols, d’une connexion internet gratuite, des prises électriques, des mini-projecteurs, etc. Ouvert de mai à septembre, ce lieu polyvalent permet de travailler en équipe le jour et propose des événements culturels et professionnels de soir: spectacles, soirées de réseautage, conférences, et plus.
L’espace de travail en plein air. Source: Instagram de L’Aire commune
Ces deux exemples situés dans notre province démontrent qu’il est possible de laisser la nature inspirer notre travail en réinventant le bureau.
Lac-à-l’épaule revisité
Ce projet de bureau en nature s’applique évidemment plus aux individus qui œuvrent dans l’économie du savoir; en d’autres mots, aux employés qui travaillent avec un ordinateur. Par contre, l’idée peut rejoindre les chefs d’équipes de n’importe quel domaine.
Le lac-à-l’épaule est une pratique largement répandue chez les gestionnaires québécois, tous milieux confondus. Cela consiste en une rencontre de planification stratégique à l’extérieur du bureau, idéalement dans un endroit reculé comme un chalet. Le simple fait de changer d’air en équipe peut être grandement bénéfique pour avancer et aborder les choses autrement.
L’idée que Julie propose serait que l’entreprise ait un tel lieu à sa disposition en tout temps, par exemple avec un abonnement. Ainsi, on évite tous les tracas de l’organisation du lac-à-l’épaule (trouver et réserver un chalet, choisir une période de temps spécifique…). Bref, on n’a pas à prévoir l’événement de A à Z: l’endroit est là et disponible. Les employés peuvent y aller pour se laisser inspirer par la nature, prendre un pas de recul, bénéficier d’une meilleure concentration, se plonger dans des dossiers…
Fun fact: le terme tire son origine de la réunion du gouvernement Lesage où la nationalisation de l’électricité a été décidée, un moment clé de la Révolution tranquille. Cette rencontre marquante pour l’histoire du Québec avait eu lieu dans un camp de pêche… au lac à l’Épaule!
Tirer profit de la connexion à la nature
De multiples bienfaits peuvent être retirés d’un tel lieu.
D’abord, la nature contribue au bien-être. La santé psychologique des équipes est l’une des préoccupations majeures des employeurs de nos jours. Une façon d’améliorer le niveau de stress (et la mémoire, le système immunitaire et l’humeur) de ses employés est de leur faire passer du temps dehors!
L’une de nos statistiques préférées est que seulement 20 minutes en contact avec la nature contribuent à baisser significativement le taux de cortisol, l’hormone du stress. La prescription de nature est même une tendance qui gagne en popularité dans le monde médical. Marcher en forêt, observer le frissonnement d’un cours d’eau, écouter le vent dans les arbres ou le chant des oiseaux… S’imprégner de la nature, même pour une courte période de temps, apaise l’esprit et recharge les batteries.
Ensuite, un environnement de travail calme est bien plus propice à la concentration. On peut se croire habitués au brouhaha du bureau, mais c’est en s’en retirant qu’on apprécie l’absence de stimuli constants. Rien d’étonnant quand on apprend qu’en moyenne, 86 minutes par jour sont perdues à cause du bruit et des distractions. Sur une journée de travail typique de 8 heures, c’est tout de même presque 20% du temps qui se retrouve gaspillé! Autre statistique: la moitié des travailleurs estiment que leur environnement de travail n’est pas optimal pour se concentrer. Ceux-ci mentionnent qu’une piste d’amélioration serait d’avoir accès à une variété de lieux pour travailler; un pour travailler calmement, un pour se détendre, un pour s’amuser…
À retenir
La pandémie aura bouleversé nos vies, mais elle s’avère aussi une opportunité de remettre en question le statu quo et d’améliorer nos façons de faire.