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Trouver la sérénité

Vous qui travaillez, vaquez à vos responsabilités personnelles et familiales, vous qui vivez dans ce monde où tout semble de plus en plus incertain, êtes-vous sereins?

Dans ce monde qui nous fait continuellement sentir à bout de souffle?
Comme si nous ne faisions jamais assez, n’étions jamais assez.

Dans un monde où on manque de temps pour tout faire ce qu’on voudrait faire, où on ne semble jamais être « à jour » devant les demandes incessantes. Un monde où une mauvaise nouvelle au téléjournal n’attend pas l’autre et où l’humanité nous démontre chaque jour ses contradictions, sa détresse ou sa violence?

Devant ces stresseurs du quotidien, c’est-à-dire ces petits et grands événements sur lesquels on a bien peu de contrôle, qui arrivent de façon imprévisible, qui apparaissent comme un nouveau conflit de valeur, un nouveau débat ou une nouvelle menace à notre sérénité justement, qui nous font douter de nos compétences ou de notre valeur : comment réagissez-vous?

Avec le printemps vient habituellement une envie de légèreté, de chaleur, de renouveau. Une envie d’espoir et une envie de se couper de tous ces stress, pour profiter des chauds rayons, pour goûter le beau, le bon à notre portée. Mais est-ce ça la sérénité?

J’en entends me dire qu’il ne faut pas être serein, qu’il faut être en colère, s’insurger, agir, faire bouger les choses devant les injustices, les violences, le manque de cohérence ou de bienveillance. Et il y a bien une partie de moi qui est d’accord avec eux. Je ne souhaite pas me couper de ma sensibilité. Je crois que la résilience – tant individuelle que collective – passe par la recherche de solutions, non par l’aveuglement volontaire ou la déresponsabilisation.

D’autre part, je sais que d’avoir des attentes élevées crée presque toujours un écart entre où l’on se trouve et là où on voudrait être. Et que cet écart mine notre sérénité. Pour plusieurs, le souhait est simple : une pause, on veut juste une pause de ce sentiment d’écart. Juste être bien ici, maintenant.

Je pense aux employés, aux parents, aux gestionnaires d’aujourd’hui, aux personnes aux prises avec des soucis de santé ou des situations complexes au travail et surtout dans la vie et je sais que plusieurs ont envie de l’être, sereins, ne serait-ce que pour calmer leur cerveau qui s’épuise devant tout ce qu’il y a à faire et à penser, ou leur cœur qui se brise à chaque nouvelle mauvaise nouvelle humaine ou climatique.

La réflexion (non-scientifique) que je me fais sur la sérénité ces jours-ci se résume à ceci :

 

1. La sérénité est un grand privilège

 

Un privilège probablement éphémère aussi, puisque ce n’est qu’une question de temps avant qu’une nouvelle ombre nous survole et cache une partie du soleil. Mais n’empêche, c’est un privilège qui devrait non seulement être apprécié, savouré, mais qui pourrait dans le meilleur des cas éveiller un élan, un désir de responsabilité, d’utiliser l’espace mental disponible pour contribuer à la sérénité d’autrui. La sérénité n’étant pas fixe, ni transactionnelle, il me semble qu’on gagnerait à voir la sérénité comme un mouvement, quelque chose qu’on peut amplifier ensemble. Et si la sérénité créait de la sérénité? Cela pourrait prendre plusieurs formes : innovation, idéation, bénévolat, mentorat, entraide, service.

 

2. La sérénité n’est pas « absolue »

 

Le degré de sérénité peut à mon avis varier dans le temps face à une même préoccupation. Par exemple, quelqu’un peut-être à 75% serein face à sa situation financière (75% du temps ou jamais complètement serein, c’est selon) ou encore, je peux être sereine face à ma présentation un jour, et le lendemain, ne plus être aussi sereine du tout).

La sérénité a beaucoup à voir avec la perspective du moment et notre cerveau peut volontairement se concentrer sur le beau et le bon, et donc se sentir serein ou encore éclairer des angles morts inquiétants ou stressants qui minent notre sérénité. À mon avis, il faut s’exercer à être bien dans les deux modes, pour s’engager dans une démarche de résilience stratégique et ainsi apaiser nos inquiétudes.

 

3. La sérénité « globale » ne peut être atteinte sans :

 

La sérénité financière : je dors sur mes deux oreilles, ma situation financière ne me cause pas de souci. J’ai confiance en mes prochaines rentrées d’argent, je ne m’en fais pas pour une dépense imprévue, ni pour mon avenir financier. Il n’y a pas de décalage entre mes moyens et mes besoins ou mes aspirations. Je fais le lien ici avec la sérénité matérielle (j’ai tout ce dont j’ai besoin pour être bien dont un toit sur la tête) et la sérénité alimentaire (je peux manger à ma faim).

La sérénité relationnelle : les relations qui sont importantes pour moi au travail et dans la vie ne me causent pas de souci. Je ne vis pas de conflits difficiles à résoudre avec les personnes que je côtoie le plus souvent ou qui me sont chères. Je ne nourris pas de conflit intérieur ou de doute personnel quant à mes relations non plus. Bref, mes relations sont positives et je sens qu’elles enrichissent ma vie. J’ai aussi le sentiment que ces mêmes personnes m’apprécient pour ce que je suis, avec mes imperfections. Que ces relations sont durables.

La sérénité corporelle : je suis en paix avec mon corps et celui-ci ne me cause ni inconfort, ni inquiétude, j’apprécie mon corps pour ce qu’il est et il me permet de vaquer à mes occupations. Je n’entretiens pas de discours négatif envers mon corps. Je suis bien dans mon corps et avec mon corps.

La sérénité émotionnelle et cognitive : je me sens bien dans ma tête, je me sens en paix avec mes différentes émotions, ma santé mentale et mon intelligence. Je sais que je peux accomplir pas mal tout ce que je souhaite accomplir. Je sais que les émotions sont normales et passagères, je sais les écouter, les remettre en perspective, les décoder et m’en servir pour améliorer ma situation.

La sérénité personnelle : Je suis en paix avec la personne que je suis, il n’y a pas trop d’écart entre la personne que je souhaite être et celle que je suis réellement. J’ai une perspective positive de ma valeur positive, je connais mes forces et suis satisfait.e de ma contribution.

La sérénité professionnelle : Je suis en paix avec ma situation professionnelle. Il n’y a pas trop d’écart entre mes attentes et la réalité au travail. J’aime mon travail et j’ai envie de continuer. Je suis en paix avec la qualité et la quantité de travail que je produis et de ma contribution au sein de mes collaborations. Je sens que j’ai ma place et celle-ci n’est ni trop prenante, ni trop peu stimulante.

La sérénité familiale : Quand je pense à ma famille, je suis en paix. Les relations au sein de ma famille contribuent à ma sérénité. J’ai confiance aux membres de ma famille et je suis satisfaite du rôle que je joue au sein de ma famille. Je ne m’en fais pas pour un membre de ma famille et je sais que ma famille sera là pour moi si j’ai besoin, et vice-versa.

La sérénité communautaire : Je suis serein au cœur de la communauté à laquelle j’appartiens, que ce soit un groupe d’amis, un milieu de travail, un quartier ou une communauté religieuse ou autre. Je sens que je ne suis pas seul.e et que d’autres se soucient sincèrement de moi et n’hésiteront pas à venir me soutenir si j’ai besoin d’aide.

C’est en écrivant ces lignes que j’ai réalisé à quel point il est rare d’être réellement serein, finalement. Et à quel point la société dans laquelle nous vivons tire profit de notre non-sérénité et nous aide même à entretenir cette agitation intérieure, ce doute, l’isolement même. Entre autres, la société nous pousse à tout quantifier alors que la sérénité vient plutôt de la notion de qualité, d’adéquation et de sens.

 

4. La sérénité est un état qui fluctue

 

Enfin, dans cette réflexion que je me fais sur la sérénité, il me semble qu’elle n’est pas non plus si improbable, mais que pour y arriver, il faut avoir pris conscience de notre tendance à entretenir la non-sérénité même quand la sérénité est à notre portée. Il faut aussi prendre conscience de la notion de mouvement dans la sérénité : elle fluctue, elle est éphémère et elle se rétablit dans le mouvement et surtout, dans les relations et l’entraide.

 

5. La sérénité engendre l’engagement

 

Il me semble que nous avons besoin d’un certain niveau de sérénité pour nous engager dans une cause extérieure, dans une sérénité plus collective. Nous ne pouvons élever notre regard et le tourner vers l’autre si nous sommes préoccupés par un détail qui nous obsède, puis un autre, puis un autre. Hélas, tout le monde ces jours-ci a les yeux rivés sur des détails et ne voit pas le jour où ils pourront élever leur regard, sereins. Et c’est là à mon avis ce qui est le plus grand bloqueur de sérénité.

Il en va de même pour la sérénité au travail, qui est liée à notre capacité à nous engager dans la cause d’un.e collègue ou même dans la mission d’entreprise, voire d’innover à l’intérieur de notre rôle, de créer de l’efficience ou de la valeur ne dépend pas uniquement de ce qui se passe au travail, mais dépend grandement de notre niveau de sérénité « global ».

 

Rapprocher nos attentes de la réalité, rapprocher nos actions de nos valeurs

 

Alors ce printemps, ce soleil, ce désir d’espoir et de légèreté, j’espère de tout cœur qu’ils nous amèneront d’abord à cultiver la sérénité pour nous-mêmes, c’est-à-dire à faire la paix avec certains détails pour pouvoir s’élever un peu plus.

Cela peut vouloir dire rapprocher nos attentes de la réalité pour plus de satisfaction, ou de changer légèrement la réalité pour diminuer l’écart avec nos besoins. Surtout, cela peut vouloir dire rapprocher nos actions de nos valeurs. Ce SOI plus serein, même face aux imperfections et aux défis de la vie, sera donc à notre portée.

Et une fois que nous aurons créé de l’espace dans notre tête et dans nos vies occupées grâce à ce sentiment de sérénité, j’espère qu’on utilisera cet espace pour créer. Créer des liens, créer des solutions, contribuer l’un et l’autre à notre sérénité respective.

Ce SOI serein dont on a si soif.
Ce NOUS, connectés et au service l’un de l’autre et/ou vers un but commun.
Il importe de les retrouver ce printemps.

Créons les occasions, invitons nos voisins à prendre un verre et à avoir une conversation pleine de sens sur la terrasse fraîchement déneigée.

Invitons nos collègues, nos équipes à se retrouver, en personne, dans un tiers lieu, pour une rencontre simple, légère, mais pleine de sens et humainement connectée.

Dans tous les cas, invitons-nous, écoutons-nous et trouvons des solutions ensemble.

Pour un printemps tout aussi serein que résilient.

Bonne fin d’hiver
Julie