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Confession d’une fille organisée qui a une sainte peur de Riopelle

Le all-over, technique que Riopelle a perfectionnée pendant quelques années, est une « pratique en peinture qui consiste à éliminer toute forme de perspective dans le tableau au moyen d’éclats de peinture en couches multiples ».

Exit les lignes droites. Les cadres. La structure.

Exit, la routine.

Ça me blase les cadres, la structure, la routine.

Ça met du gros gris plate dans mes journées.

Et pourtant, sur une toile blanche, si on me donnait tous les pinceaux du monde et les couleurs les plus éclatées qui soient, je n’arriverais sans doute pas à faire autre chose que des teintes de gris. Une couleur qui me sécurise.

Comme si ma routine si bien installée et confortable et douillette et rassurante ainsi que ces efforts que je n’ai pas besoin de déployer (appelons ça la zone de confort), comme si tout ce petit cocon connu et prévisible m’était nécessaire pour être « bien ». Besoin paradoxal, car dans ce cocon tout gris qui m’assure stabilité et confiance, justement, je ne suis pas « bien ».

L’abstrait ou ma peur du « rien »

Sans repères, j’ai la trouille. Je n’éprouve pas uniquement un inconfort face à la nouveauté. J’ai de la difficulté à m’adapter aux changements. J’ai besoin de temps. Une fois que j’ai pris ma place, que j’arrive à bien saisir tout ce qui se passe autour de moi et que j’y trouve mon apport, je deviens la personne la plus épanouie du monde. Mais la transition, le avant-après Décore ta vie, m’angoisse.

Pour une fille organisée qui aime prévoir les trucs et savoir où elle s’en va, ces derniers temps ont été relativement intenses en termes de changement. J’ai quitté mon emploi des dernières années (zone de confort à son maximum) pour un nouveau défi absolument incroyable où tout est à bâtir et où ma créativité est stimulée à son maximum. Par-dessus le marché, ce boulot me laisse du temps pour mener de front mon aspiration des dernières années, c’est-à-dire vivre de ma plume.

Un beau grand tableau blanc, vierge.

Faire face à ce grand « rien »

J’ai enfin décidé de décubiculer ma vie, comme le dit si bien la douce Marie-Claire. Tu sais, transformer mon quotidien en tremplin pour sauter à pleine face dans le grand « rien » que m’apparaît souvent demain. J’y ai pensé, des jours, des nuits, des heures durant. J’en ai parlé pendant des mois à mes parents, à mon chum, à ma sœur, à mes amis. Puis j’ai fait le saut.

Je suis sortie de mon cocon gris.

Et puis voilà que depuis quelques semaines, les journées que j’appréhendais floues virent tranquillement au rose, au pêche, puis au jaune. Je me « parle ». Je me dis que c’est OK de ne pas savoir ce que demain me réserve. J’essaie de gérer tout ça de mon mieux. Et dans mon mini-cadre, je commence à ressentir les envies d’éclaboussure.