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Cofonder Les inspirés : L’équilibre, l’argent et entreprendre à trois

On vous a fait des confidences sur notre démarrage et l’intensité de l’an 1 des Inspirés, mais l’histoire ne s’arrête pas là. En trois ans, nous avons aussi évolué personnellement et en trio à travers cette aventure et c’est aussi le cas de notre relation avec l’entrepreneuriat et l’argent. Ça fait longtemps qu’on a envie d’amener sur le blogue ces thèmes qu’on évite souvent – par pudeur peut-être – quand on raconte une histoire inspirante. Bref, on se mouille! 

Chapeau d’entrepreneures

« On blaguait souvent dans nos rencontres en disant qu’on devait mettre notre chapeau d’entrepreneures. Il y avait même un sombrero qui nous aidait à vraiment intégrer le concept. On voulait être prises au sérieux, mais le modèle traditionnel de vente de services à de grandes organisations ne nous branchait pas du tout. On voulait travailler avec les inspirés. Pas leurs patrons qui n’y comprenaient rien, au fond. Pour eux, on avait une foule d’idées de produits et services, mais on savait que notre offre était non seulement nichée, mais assez innovatrice et qu’il faudrait être patientes. » -Julie

Comment se mérite-t-on ce titre?

« Si on m’avait posé cette question il y a 3 ans, j’aurais probablement dit instinctivement «non, je ne suis pas une entrepreneure». Lors de la création des Inspirés, je souhaitais tellement créer un projet qui à tous les niveaux ne ressemblerait à rien de connu. Ce n’était pas simplement une nouvelle idée, c’était de réinventer la structure, les méthodes de travail, les titres que nous allions se donner, tout devait y passer. Donc, impossible pour moi de me reconnaître dans ce titre d’entrepreneure, puisque de toute manière, Les inspirés n’était pas une entreprise encore. J’étais depuis quelques années envahie personnellement par le désir de vouloir changer les choses, même celles établies et qui fonctionnaient, je trouvais toujours une faille. Aujourd’hui, j’aime ce modèle imparfait (parce qu’il n’y a jamais rien de parfait) qui fonctionne et je peux affirmer que je suis une entrepreneure! Les inspirés, nous l’avons imaginé, créé, nous avons surmonté à trois les hauts et les bas, appris de nos erreurs et de nos réussites. En soi, c’est ça notre parcours jusqu’à maintenant et être une entrepreneure ce n’est pas un titre d’emploi, c’est la flamme intérieure qui à tous les jours m’anime pour continuer à développer Les inspirés! » -Myriam

Entrepreneure dans l’âme

« J’avais déjà été pigiste et ça avait bien marché, mais cette expérience m’avait apprise que je n’étais pas une travailleuse autonome, j’avais plutôt envie de démarrer des projets plus grands que moi-même, entreprendre. Jamais je ne m’étais sentie à ma place comme lorsque j’étais en startup. Je voulais poursuivre sur cette lancée et je me sentais prête. On rêvait de vivre de notre projet – pouvoir dire que c’était notre principale occupation, créer librement, ne plus avoir à se formaliser de politiques d’entreprise, d’un cadre d’emploi – mais on a rapidement réalisé que c’était un peu utopique à court terme, que ça prendrait du temps. Beaucoup de temps. » -Julie

Entrepreneures sociales

« Même encore aujourd’hui, le modèle des Inspirés n’étant pas standard, lorsqu’on me demande des nouvelles sur cette entreprise, je reste étonnée d’entendre le mot (entreprise). À chaque fois, je me fais un devoir d’expliquer le principe d’une communauté. Probablement que la journée où nous pourrons dire que nous avons des revenus suffisants pour nous rémunérer et qu’il y aura un plus grand nombre de salariés que de bénévoles, je me sentirai plus à l’aise avec ce mot. » – Myriam

Entreprendre et l’argent

« Georges de chez Spektrum m’a déjà demandé si je considérerais Les inspirés un succès même si on ne faisait pas d’argent et je lui ai répondu sans hésitation « non » avant de partir à pleurer sans être capable de m’arrêter (demandez à Myriam). Je dois dire que sa question m’a tellement remuée qu’elle me hante encore aujourd’hui. Je me sentais coupable de ma réponse, mais au fond, ce que je considérais comme un échec, c’était l’obligation de trouver une autre source de revenus alors que je rêvais de pouvoir me consacrer à 100% au projet. À mes yeux, l’argent ce n’est pas mal, c’est un échange d’énergie. Et on mettait tellement d’énergie dans le projet que c’était inconcevable pour moi qu’on ne réussisse pas à générer l’énergie financière qui nous permettrait de continuer à s’investir à 100%. » -Julie

« Mon rêve personnel était et est encore l’indépendance créative (et ultimement financière!), mais je suis sincèrement heureuse qu’on ne se soit pas arrêtées à l’argent. Pour moi, accepter que Les inspirés – dans la forme qu’on lui a donnée – n’était finalement peut-être pas une « entreprise » qui nous permettrait d’en vivre, mais quelque chose de plus près d’un OSBL a été un acte d’humilité, voire de résignation. Au fond de moi, je sais que le projet est mieux servi ainsi. Toutefois, je continue d’avoir pas mal d’idées «connexes» prometteuses (haha). Est-ce qu’elles se réaliseront? Je ne sais pas. Chaque chose en son temps et la priorité aujourd’hui est de consolider les bases du projet riche et authentique qu’on a entre les mains. » -Julie

« Au final, je suis retournée travailler pour un employeur et j’ai survécu! En fait, j’ai trouvé un employeur qui reconnaît mes qualités d’entrepreneure, un emploi qui met mes forces à contribution, un milieu de travail flexible et humain. J’ai l’occasion d’être dans les idées, d’amener nos clients à innover, à être plus humains dans leurs communications. Tout est aligné et je suis très heureuse au travail. » -Julie

Le regard des autres, les « conseils »  et les critiques

« Animée par une telle flamme, j’ai évidemment passé par toute une gamme d’émotions depuis 3 ans. Lorsqu’on a une idée, on est emballé, excité, on s’imagine une multitude de scénarios, tous plus idéaux les uns que les autres. Nous sommes dans notre tête, dans nos rêves! Ce n’est pas mauvais du tout, mais la réalité est souvent bien différente, car tu ne connais pas le futur. La journée du lancement web des Inspirés, la vie sans mes lunettes roses a commencé pour moi. Notre projet était concret, on devait le faire avancer, l’expliquer à des personnes différentes de nous et qui ne comprenaient pas du tout c’était quoi Les inspirés. Il fallait accepter d’entendre des commentaires négatifs (certains très constructifs) sur notre projet, le projet dans lequel nous avions mis toutes nos trippes et toute notre vision depuis 3 mois. C’était comme si je m’étais mise à nue devant des centaines de personnes. C’était difficile à prendre, car même si je ne me l’avouais pas, j’accordais beaucoup d’importance à ce que les autres pensaient de moi. Honnêtement, depuis 3 ans, Les inspirés n’ont pas reçu tant de commentaires négatifs, mais j’oubliais ceux positifs et ne concentrais pas mes énergies sur les réussites. Je cherchais à plaire aux autres et non à croire en moi, en nous. » -Myriam

« Avec le recul, j’aurais aimé être plus sage. Faire étape par étape. J’aurais aimé savoir avant de me lancer qu’il y a des « dangers » à être passionnée, quand on se laisse consumer par son projet. Mais au fond, si c’était à recommencer, je ne voudrais pas que ça se passe autrement parce que c’est en affrontant les difficultés qu’on apprend et qu’on devient plus fort. On voulait tout faire en même temps, mais notre enthousiasme, notre énergie et nos idées ont rallié notre communauté.  Ceux qui y croyaient depuis les débuts, peu importe quel était notre modèle d’affaires, si on avait des clients, si on allait vraiment réussir. Ceux qui adhéraient à notre vision. » -Élise

« J’aurais voulu accorder moins d’importance aux sceptiques, à ceux pour qui les entrepreneurs, ce sont ceux qui font de l’argent, qui ont un plan d’affaires sur 5 ans et le support de gens influents. Mais les résistances rencontrées m’ont permis de développer ma confiance en moi et de comprendre que l’entrepreneuriat, c’était avant tout la création de valeur et que cette valeur n’est pas qu’économique : elle est aussi sociale. Quand on a des gens avec nous qui y croient, qui investissent de leur temps et qui mettent de leur coeur dans un projet, c’est ça la réelle réussite. Pour moi (et j’oserais dire pour nous), être entrepreneure, c’est avoir un impact, inspirer les gens à passer à l’action et garder le cap malgré les difficultés. C’est mettre au monde des projets qui changent des vies, à petite et à grande échelle. » -Élise

L’adrénaline et l’anxiété

« L’anxiété étant très proche de l’adrénaline, ma réaction à plusieurs événements a été le désengagement et la paralysie totale. Une chance que nous étions trois au départ et maintenant plusieurs à consacrer du temps à la communauté des Inspirés pour la faire grandir, car lorsqu’une personne rame moins vite, les autres l’encouragent, l’épaulent et rament pendant un certain temps plus fort. Avec trois années de recul, je me rends compte que c’était en fin de compte une bataille contre moi-même, la bataille de trouver ma place en tant que personne et d’être reconnue. Maturité personnelle vous me direz? Certainement. Aujourd’hui, j’ai appris à accepter que c’est un cheminement sans fin, à me faire confiance, à m’outiller face à l’anxiété que certaines situations peuvent amener et surtout, à être fière de chaque petite réussite, car plus tard, quand on regarde en arrière, on se rend compte qu’elles sont plus grandes qu’on le croyait! » -Myriam

L’engagement et le désengagement

« Ah l’adrénaline. On en a toutes fait une overdose. Après la première année vraiment intense, nous nous sommes comme repliées sur nous-mêmes. Le blogue est resté désert tout l’été, on n’avait plus rien à dire, plus de jus. Les périodes successives d’engagement / désengagement sont vite devenues un pattern qu’on essaie consciemment d’éviter. Plutôt, on essaie d’en faire un peu chaque jour, chaque semaine. De garder une constance et de se fixer des objectifs réalistes. Il n’y a pas d’urgence. Et les bonnes idées que nous avons, nous voulons les réaliser, mais pas à n’importe quel prix. Nous sommes plus sages maintenant. Nous savons que c’est la persévérance qui fait toute la différence et nous nous donnons les moyens de continuer à avoir le goût de nous investir dans ce projet. » -Julie 

Accepter qu’on ne construit pas Rome en une nuit

« En trois ans, on est presqu’arrivées au bout de notre vision initiale qui incluait un blogue/magazine, des événements récurrents et une communauté de 5 000 personnes. Finalement, entreprendre, c’est une suite de petites actions qui nous paraissent anodines, mais qui font qu’on construit quelque chose de grand! Quand on dit que ça prend toujours plus de temps qu’on pense, c’est tellement vrai. Même si on avait toutes été là-dessus à temps plein, on aurait peut-être initié plus de choses, mais pour d’autres – comme la taille de la communauté – il faut laisser le temps faire son oeuvre. La croissance des Inspirés est 100% organique est nous en sommes très fières. » -Julie

Pour plus de confidences :
Rétrospective de l’an 1, anecdotes et secrets d’arrière-scène
L’avenir
 

 

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