Travailler sur les plateaux américains, Nina l’a fait.
À Québec, Montréal ou New York, Nina Lauren jongle entre son métier de cascadeuse et de doublure d’acteurs, ses amis ainsi que le sport. Malgré un rythme de vie effréné, elle a su apprivoiser la solitude pour favoriser le retour vers elle-même et le calme intérieur.
Charmée par son étincelle de vie, je suis heureuse de pouvoir partager avec vous les propos de cette femme généreuse, dotée d’une simplicité désarmante.
Parle-moi de ta petite histoire ?
J’exerce le métier de cascadeuse et je fais la doublure d’acteurs de cinéma dans des films américains. À l’hiver dernier, j’ai eu l’occasion, pendant deux mois, d’être la cascadeuse de la comédienne Toni Collette dans un film où je me faisais notamment frapper par une voiture. Ce printemps, je suis pour la 4e fois la doublure de Jennifer Lawrence.
Entre les productions, je fais de la narration en anglais et en français pour divers projets, des publicités ou des audio guides dans des musées. Je voyage régulièrement à New York pour le travail, mais je viens du quartier Montcalm à Québec, où j’ai encore un appartement dans lequel je réside entre mes contrats. Quelques-uns de mes amis du primaire et du secondaire habitent encore à Québec avec leurs enfants. Il est donc important pour moi d’y retourner régulièrement pour entretenir ces liens d’amitié qui me sont précieux, même si la majorité du temps je dois aller à New York ou Montréal pour mes contrats.
Comment remédies-tu à la solitude lors de tes allers-retours entre Québec, Montréal et New York ?
Au début, je me sentais extrêmement seule. Seule sur la route, sans conjoint ou sans coéquipier, seule dans l’avion, seule dans l’autobus, seule à l’hôtel. Probablement que j’éprouvais de la difficulté puisqu’au moment où je cherchais ma place dans l’industrie je vivais simultanément une rupture d’une relation de 7 ans avec un gars de Québec. Donc j’essayais de m’identifier sans lui en me définissant et en me forgeant une place dans cette industrie.
Aujourd’hui, à la suite de ces deux voire trois dernières années, j’ai pris de l’assurance et je connais ma valeur. J’ai appris à profiter de ces moments de solitude. En Anglais je dirais : «I’ve learned to embrace the solitude. »
Par ailleurs, l’ambiance des plateaux de tournage (explosions, etc.) me pompe d’adrénaline. Il y a du bruit, beaucoup de bruit! Imagine-toi ton boss te donner des directives via un mégaphone ! Même si le risque est bel et bien présent, il faut rester concentré constamment, d’où l’importance d’arriver calme et prêt sur les lieux du tournage.
Donc, je profite maintenant des moments où je suis seule pour méditer, lire, peindre, faire du yoga et surtout visiter des musées. Et je passe tellement de temps à être dans la peau d’une autre personne, en fait, dans la peau de quelqu’un d’autre qui joue un autre personnage… qu’il est fondamental pour moi de rester groundée, de me recentrer pour ne pas perdre contact avec moi-même.
Qu’amènes-tu avec toi lors de tes escapades ?
Je ne voyage jamais sans mes espadrilles. Si j’ai le temps sur la route, je vais faire un jogging ou encore mieux, si je suis à New York, je les enfile pour un cours de danse à Broadway. D’ailleurs à Noël j’ai trouvé un cristal qui traînait en plein milieu de la 5e Avenue. Là au centre de la rue et de la foule. Je l’ai ramassé et je le garde toujours sur moi depuis. J’ai aussi toujours une dizaine de timbres dans mon portefeuille, puisque j’envoie énormément de cartes postales.
Que considères-tu comme essentiel ?
Évidemment ma famille, mes amis et ma santé. Mais plus sérieusement, l’absence de jugement, faire preuve d’empathie, d’écoute et d’entraide sont des notions essentielles que je dois, et je ne peux parler que pour moi, incorporer davantage à ma vie.
Quelle est ta conception du matériel ?
J’adore la déco et j’apprécie les œuvres d’art, mais je n’ai aucun attachement aux objets. Je ne laisse pas les objets et le matériel me définir. Je n’ai même plus aucune des médailles récoltées lors de mes compétitions internationales de patinage artistique. Lorsque j’habitais New York à 21 ans et que j’ai pris la décision de quitter la ville pour entamer un baccalauréat en théâtre à Québec, j’ai laissé le contenu de mon garde-robe aux enfants de la femme de ménage : t-shirts, bijoux, manteaux, couvre-lit. Tout. Et je ne me suis jamais dit : « Ahh je me n’ennuie de tel gilet ».
Puisque j’aime les opportunités de recommencer à neuf, j’aime les métamorphoses. Et les vieux vêtements c’est comme l’exuvie. C’est satisfaisant de se refaire une nouvelle peau avant de commencer un nouveau chapitre. Si je devais quitter rapidement mon appartement à Montréal pour m’installer à Toronto ou Los Angeles, je partirais avec un sac à dos, le reste, je le donnerais. Comme le cristal que j’ai trouvé à New York, éventuellement je devrai le donner à quelqu’un d’autre aussi. Ou peut-être que je le retournerai là où je l’ai trouvé pour qu’il accompagne et guide une autre personne dans leur aventure.
Je m’attache c’est certain, mais à des gens à des endroits et à des moments. Je garde en tête que je suis arrivée ici toute nue et que mon âme se définit de mes expériences, de mon apprentissage, de mes réactions, mes fréquentations, de la noirceur et de la lumière qui m’habitent. Avec le temps, j’essaie d’apprendre de mes erreurs, de devenir la meilleure version de moi même possible et de laisser ici des histoires et vibrations positives.