Quand l’échec nous rend plus fort
Dans une ancienne vie, j’ai occupé un grand bureau vitré au sommet d’une tour. Un espace à faire envier ceux qui travaillaient aux étages inférieurs depuis des années. Je me souviens que mon patron nous rappelait constamment la chance que nous avions d’être aussi près du pouvoir. À chaque fois que je mettais les pieds dans cet édifice, je me sentais invincible.
Le problème, c’est que plus je travaillais, moins j’avais le temps d’apprécier la vue. Je prenais tout tellement à coeur que j’ai fini par tomber de haut, au point où la jeune carriériste en moi avait même décidé de tirer sa révérence sans mon consentement. Sur le coup, je ne comprenais pas pourquoi cela m’arrivait vu que j’avais beaucoup plus d’ambition que mon niveau d’énergie le permettait et une envie constante de me dépasser professionnellement.
Je voulais continuer, mais mon corps n’était pas du même avis : je fondais et mes beaux cheveux longs tombaient. La vie est parfois dure à comprendre et à accepter. J’avais peur du jugement de mes collègues, mais j’ai finalement dû prendre un congé forcé contre mon gré. Un jour, je me suis retrouvée en jaquette à l’hôpital en attendant un examen stressant. Une dame que je ne connaissais pas était dans la même situation que moi et m’a regardé dans le blanc des yeux en me tenant la main pour me dire que j’allais m’en sortir. Elle avait senti ma peur, ma déception et ma volonté de continuer.
À cet instant même, nous avons échangé une connexion très forte qui m’habite encore parfois par moment. J’espère sincèrement qu’elle s’en est sortie. Quelques jours plus tard, une autre dame croisée au magasin m’a remis un carnet avec différentes phrases positives qu’elle avait concocté elle-même. Sur le dessus, on pouvait lire une citation comme quoi je n’étais pas seule à vivre une situation difficile. J’ai versé une larme tellement elle arrivait au bon moment. Ce n’est pas par hasard que nos chemins se sont croisés il y a déjà 5 ans de cela. C’est la preuve qu’un échange de quelques minutes peut faire une différence dans la vie de quelqu’un qui semble être dans le besoin, même si on ne le connaît pas.
L’école de la vie
J’avais envie de revenir sur cette période non glorieuse de ma vie parce que cela a beaucoup forgé celle que je suis devenue aujourd’hui. J’habite maintenant près de cet édifice qui m’a vu rire, crier, suer et pleurer. Hier, je l’ai observé longuement et j’ai réalisé pour la première fois que j’acceptais tout ce qui s’était passé: les amitiés perdues, le début de la fin d’une relation, les séquelles. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, c’est vrai. Il faut parfois juste accepter de se donner un peu de temps pour remonter. Je ne suis pas plus sage, mais je suis plus solide et je sens enfin que j’ai le contrôle de ma propre vie. Je connais maintenant mes propres limites, qui sont à mes côtés pour y rester. C’est déjà toute une leçon de vie..