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Mal du pays : quand la maison nous manque

Il y a plusieurs mois, j’ai rédigé un texte sur le sentiment d’être étranger. Étranger dans son propre pays et étranger dans son environnement d’adoption. À la lueur des événements du 13 novembre dernier qui m’ont profondément attristée et sur lesquels je n’ai absolument pas envie d’écrire et encore moins de polémiquer, je me lance aujourd’hui dans la suite de cet article, pour mon premier texte pour Les Inspirés (lire ici : hourra!).

Les semaines précédant Noël, je ne m’en rendis pas vraiment compte, mais Songza me proposait sans cesse la même playlist de chants de Noël. En l’écoutant, j’ai réalisé que j’avais un sourire collé à la face à la simple idée de passer le temps des fêtes auprès des miens, en France. Noël, c’est un sujet un peu tough parce qu’il y a ceux qui ne veulent absolument pas être auprès de leurs familles, ceux qui n’ont plus de famille et ceux qui se retrouvent loin des leurs. C’est mon cas. Je vis la plupart du temps loin des miens et après avoir sacrifié un 25 décembre en ma propre compagnie, j’ai décidé qu’il était hors de question que cela se reproduise. C’est sûrement l’une des journées les plus difficiles lorsqu’on habite loin de chez soi. 

Quand la maison nous manque

Partir à l’étranger c’est souvent l’fun, une expérience durant laquelle notre curiosité n’en finit plus d’être alimentée, tout comme notre besoin de comprendre ce nouvel environnement, cette nouvelle culture. Les premiers jours, semaines ou mois sont souvent une belle lune de miel durant laquelle notre quotidien est parsemé de nouveaux détails et autres chocs culturels qui nous allument. Et puis, un beau jour, bam, cette lune de miel en prend un coup. On trouve le nouveau plat local un peu trop fade pour nos papilles et il nous manque l’ingrédient magique, l’épice, qui vient de chez nous. Le blues, le mal du pays vient nous toucher drette dans le cœur, souvent au moment où on s’y attend le moins. Et c’est là qu’il nous faut ouvrir notre magique boîte à outils pleine de réconfort. En cette difficile période qu’est le retour des fêtes pour certains, voici quelques-uns de mes conseils, que je partage avec vous.

Accepter 

Premièrement, c’est important de se rendre compte que l’on a le mal du pays et l’accepter. C’est juste normal. Même si on ne regrette pas notre choix, même si on adore la neige du Québec ou la couleur limpide de l’eau des Seychelles, reste que la maison nous manque. Au point où on peut même oublier ce qui nous poussé à quitter. Alors numéro un : on exprime notre mal-être. Certes cela ne règlera pas tout, mais au moins on aura exprimé ce que l’on a sur le cœur, et c’est un premier pas.

Se reconnecter

On s’entoure de personnes, d’objets ou quoi que ce soit qui nous relie à nos origines. Je pense n’avoir jamais autant regardé de films français que lors de mes dernières années passées à l’étranger. Déjà que c’est un style que j’aime, quand j’ai le mal du pays, voir les rues et les attitudes qui me sont familières me rassure. J’ai une amie algérienne qui écoute de la musique de son pays d’origine quand elle feel moyen.

Lors de mon séjour à Dakar, une amie québécoise m’expliquait qu’elle aimait se rendre dans le centre commercial de la capitale sénégalaise lorsqu’elle avait le bourdon. Son but n’était pas nécessairement de magasiner, mais juste de retrouver un havre de paix, avec un minimum de sentiment de familiarité que ceux qu’elle fuit à Montréal. Dans l’agitation permanente africaine, elle y trouvait là un peu de répit et de repères familiers.

Se retrouver entre semblables

Lors de l’une de nos nombreuses discussions, je lui faisais part de mon malaise de me retrouver un peu trop souvent avec des toubabs, les blancs, là-bas. Mais, elle qui a passé 20 ans en Afrique me rappelait qu’il s’agissait d’un besoin important : celui de se retrouver avec des personnes qui ont les mêmes repères que nous. Sans avoir à justifier nos attitudes, notre langage et notre comportement non verbal.

Lorsque je suis ailleurs, j’aime essayer de me fondre dans la population locale (naïve que je suis) et connaître des personnes du lieu dans lequel j’évolue afin de mieux appréhender la culture. Oui, mais, même à Montréal où le choc culturel est tout de même moins grand qu’en Afrique, lorsque je fréquente mes amis français, nous nous comprenons d’un simple regard et sans avoir aucunement à nous justifier.

Allô maman!

Je me souviens d’avoir, un soir froid de décembre, loué un « feel good movie », alors que je luttais contre la dépression saisonnière ajoutée à mon mal du pays. Arrivée à la maison, j’ai reçu un appel surprise de ma maman. Une heure plus tard, je me sentais mieux. Non seulement j’avais pu partager ma déprime avec une des personnes les plus importantes de ma vie, mais, surtout, elle m’a rappelé pourquoi j’étais partie et surtout ce que j’aimais ici…dans mon pays d’adoption. Je l’avoue, c’est mon meilleur remède!