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Briser la solitude professionnelle

Je ne crois pas vous avoir déjà raconté les débuts de mon histoire professionnelle. Ni à quel point ma quête d’une communauté professionnelle de cœur a orienté mon parcours.

 

Seule de ma gang?

 

Je suis une drôle de bibitte et bien que ce que vous allez lire semble noble, être ainsi m’a aussi souvent fait sentir toute seule de ma gang : je m’ennuie facilement au travail, surtout dans les tâches banales ou répétitives, je déteste le small talk la plupart du temps, j’ai un cerveau qui va vite, qui pense en profondeur et qui voit loin. Je suis toujours en train d’analyser ou d’imaginer  : ce qu’on pourrait faire après ou comment on pourrait faire mieux. Mon enthousiasme et mon élan professionnel prennent leur source là.

Dans tous les milieux de travail que j’ai fréquentés, il y avait toujours des gens super. Mais ils avaient tous l’air de s’accommoder de ce qui m’horripilait. Ils avaient tous l’air motivés par la mission organisationnelle, alors que de mon côté, je cherchais toujours un sens plus grand ou plus terre à terre, plus essentiel.

Dans mes premiers emplois, (il y a 20 ans), je trouvais le temps long et je rêvais de pouvoir m’évader de mon cubicule pour aller réfléchir, créer, rouler, courir, marcher au contact des éléments (allô besoins de temps blanc).

C’est là que ma petite voix s’est mise à me parler d’entrepreneuriat. Sur l’heure du lunch, je griffonnais des plans d’affaires et de liberté.

Mais bien sûr, j’avais peur. Ce n’est pas comme si je faisais partie d’une communauté d’entrepreneurs pour m’inspirer, me porter, m’encourager. Ma famille a toujours été là pour le fait, mais elle n’avait rien pour me guider dans ce chemin que je convoitais, mais que je tentais d’éviter en même temps.

 

Le début de la quête

 

En bonne stratège qui s’ignorait alors, je me suis mise à orienter mon parcours vers mon but : j’ai choisi d’aller travailler avec les entrepreneurs, pour m’en rapprocher un peu. Plus tard, j’ai rassemblé le courage de lancer ma première auto-entreprise. À ce stade-ci j’avais compris et observé qu’il fallait s’entourer pour réussir en affaires, alors je suis passée par-dessus mon introversion (ou était-ce ma peur de m’exposer) pour rejoindre différents groupes professionnels. Toutefois, ce qui me passionnait, ce n’était pas mon industrie, non.

Ce qui me passionnait, c’était l’élan.

Je cherchais à m’entourer de gens qui voulaient non seulement accomplir des choses, mais qui avaient le même élan irrépressible en eux : celui de donner sens, d’être vrai, d’apprendre, de s’engager, de se dépasser ensemble, de créer, d’innover et surtout, d’avoir de l’impact.

Je cherchais des gens qui vibraient à la même fréquence que moi en matière d’humanité, d’humilité, de vulnérabilité, de désir de collaboration. Qui avaient cet élan de progrès bienveillant, au service non seulement de soi-même, mais de la société au complet. Des gens qui voulaient une vie professionnelle remplie de tout ça.

 

Le point de bascule

 

J’ai rejoint un Start Up RH dont la mission était de faire du monde un meilleur endroit où travailler (jackpot!) et au sein du plan marketing a germé l’idée de créer une communauté. C’était encore une idée vague quand le Start Up a commencé à vaciller.

C’est alors que je me suis mise à me questionner sur la suite un peu paniquée à l’idée de perdre ce positionnement professionnel si aligné, si jamais tout ça avortait. Je me vois encore, assise sur le plancher de ma toute première maison, inscrire dans mon cahier : si la vie me donne l’espace et le temps, je me promets de créer cette communauté de jeunes professionnels inspirés. C’est difficile à expliquer, mais c’est comme si à l’intérieur de moi je venais de mettre le doigt sur quelque chose de tellement vrai que je ne pouvais pas l’ignorer :

Peu import où ou comment, je voulais travailler avec ceux qui avaient de l’élan pour demain. Les visionnaires, les optimistes, pas cyniques, pas opportunistes, mais réellement inspirés et engagés envers la création d’un monde meilleur. J’ai rassemblé mes alliées du moment et les Inspirés sont nés.

  • Nous étions jeunes et presque sans attache. 5 à 7, collaboratoires, articles de blogue.
  • La communauté virtuelle s’est élevée jusqu’à quelques milliers de membres.
  • Nos événements étaient remplis.
  • C’était plein de rêve.

 

Puis est venu le moment où on a manqué de temps pour ces rencontres au sommet à refaire le monde. Et c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait passer des idées à l’action. Un side project ne suffisait plus.

 

L’incarnation

 

Il me fallait désormais incarner.
Incarner. Incarner. Incarner me scandait la voix dans ma tête.
Il n’y avait plus de compromis possible.

  • Incarner mes valeurs pour ma santé mentale.
  • Incarner mes idées malgré le manque de soutien apparent.
  • Incarner ma vision malgré la culture ambiante.
  • Incarner un rôle d’agent de changement et d’innovation aussi souvent que possible.
  • Amener les gens avec moi, vers l’avant au lieu de me laisser ralentir par la résistance populaire.

 

Certains me diraient que ça sonne comme un parti politique, mais pour moi ça sonne plutôt comme du courage. Le courage de l’intégrité personnelle. Et le courage de vivre la vie que je voulais vivre au lieu d’attendre qu’on fasse une place au feu que j’avais en dedans.

Est alors née De Saison.

 

 

Et maintenant?

 

Le 30 mai dernier, j’étais animatrice de panel à l’événement Expérience-Gestionnaire organisé par le journal Les Affaires et j’ai retenu trois choses.

 

La première : 1 gestionnaire sur 3 est engagé. 

Les autres sont soit désengagés ou activement désengagés. Cette statistique me donne froid dans le dos parce que je m’imagine trop bien à quoi ressemble une vie où le temps au travail est long et dépourvu de sens profond. Où on repasse en surface des courriels, des réunions, des projets, des tâches, des suivis jusqu’au moment de décrocher le vendredi. Où on se sent comme un outil de la haute direction ou des clients pour arriver à leurs fins. Où on n’a pas notre mot à dire sur les orientations stratégiques ou les projets prioritaires, où on subit les décisions sans avoir pu donner son point de vue ou son opinion. Où on pense parfois à faire les choses autrement, qu’on sent la flamme grandir… juste un peu avant qu’elle ne s’éteigne devant l’improbabilité de changer less choses réellement.

Je sais que la majorité des humains ont appris à rester dans leur carré de sable, à s’en satisfaire, à ne pas questionner les règles et à juste s’occuper de leur nombril. Alors, on se tape sur la tête en se disant : « mais tu es qui pour penser que tes solutions sont meilleures, pour penser faire changer les choses, prend ta place et c’est tout. »

Je le sais parce que je me le suis répété souvent. J’aurais donc aimé me satisfaire d’un carré de sable. Mais c’est plus fort que moi : j’ai toujours des idées pour l’aménagement paysager du terrain au complet.

 

Deuxième chose : ce que j’ai entendu hier lors du panel sur l’entreprise libérée me confirme que tous les humains ont des idées, des opinions et une flamme en eux. Un désir de construire, de contribuer, de penser, d’améliorer.

 

Troisième chose : J’ai eu la chance d’entendre hier la sagesse d’Henry Mintzberg. Il a dit que dans notre société individualiste, on parlait un peu trop de leadership (le pouvoir d’une seule personne) et pas assez de communityship (le pouvoir du groupe).

 

J’ai hoché la tête très très fort en pensant à tout mon parcours, aux Inspirés, mais aussi au sentiment de communauté que je ressens au sein de mon quartier et de ma ville, notamment à travers mon implication communautaire au sein de mon conseil de quartier. Encore une fois, mon intuition d’humaine était bonne.

 

Raviver le sentiment de communauté

 

Cette promesse que je me suis faite il y a plus de 10 ans sur le plancher de ma première maison, celle de rassembler, nourrir et célébrer les professionnels inspirés au sein d’une communauté, elle continue de m’habiter.

Certes, chaque atelier d’équipe que je conçois vise à éveiller ce sentiment d’appartenance, de connexion humaine et d’élan vers l’avant propre au communityship.

Mais ce n’est pas tout.

Si vous êtes abonnés à l’infolettre Gestionnaires et agents de changement bienveillants, vous avez peut-être vu passer cette semaine le lancement de notre nouveau membership à la communauté Leadership Nouvelle Vague. 

Plus que jamais, je sens qu’il est impératif de rassembler les gestionnaires et professionnels incroyablement engagés, optimistes, inspirés et inspirants qui gravitent autour de De Saison. De mettre en commun nos idées, nos énergies, nos exemples, nos défis. De nous rapprocher les uns des autres pour échanger, penser, et collaborer, même.

Dans le but d’accélérer le progrès bienveillant au sein des organisations, bien sûr.

Mais aussi parce que mon expérience me l’a démontrée mille fois : sortir de sa tête et de son carré de sable pour faire partie d’une communauté qui partage ses valeurs et ses élans, c’est souvent la clé qu’il manque à notre engagement, à notre courage, à l’incarnation de notre intégrité personnelle, à notre épanouissement personnel et à notre satisfaction professionnelle.

 

Vers une communauté vivante, grandissante et influente

 

J’en suis convaincue, le monde a profondément besoin de communityship.
Et bien qu’on puisse le trouver dans notre organisation ou notre industrie.
On peut aussi le trouver dans d’autres communautés alignées avec ce qui nous inspire.

En terminant, vous connaissez ces phrases, collées sur tellement de publications sur les médias sociaux ces dernières années : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » et « le monde a besoin de rêveurs, le monde a besoin de « personnes d’action », mais surtout, le monde a besoin de rêveurs qui passent à l’action. »

C’est plate parce qu’elles deviennent banales à la longue. Mais elles sont encore tellement vraies.
Personnellement, je me les répète encore souvent.

Alors pour le bien de cet éditorial, en voici une dernière : ensemble on est plus forts.
En tous les cas, moi je sais que sans ce sentiment d’appartenance à différentes communautés, je n’aurais pas l’élan que j’ai.

Alors merci de faire partie de ma communauté et considérez-vous officiellement invités au sein de notre garde rapprochée de dreamers who do

J’ai hâte de savoir ce que vous en pensez. Bon début d’été!

Julie