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Ce bout de papier qu’on appelle diplôme

Au Québec, concernant notre éducation, on ne se pose pas trop de questions. On se lève un beau matin, vers l’âge de 5 ans, et nos parents nous reconduisent à un nouvel endroit où passer la journée : la maternelle. À partir du moment où l’on met les pieds dans un établissement d’enseignement, on entre dans le moule. Plus les années passent, plus on apprend des choses complexes qui nous permettent de nous développer comme humain, comme ami. 

Puis, vient le moment critique de notre cheminement : la fin du secondaire. Entre les premiers amours, les amis, le bal des finissants et les premières expériences se trouve un tout petit détail important : les cours d’éducation au choix de carrière (ECC), où on nous pose plein de questions et où on nous explique un tas de choses qui nous permettront sans doute de trouver notre voie. De savoir ce qu’on veut faire de notre vie. À 16 ans. Ça semble irréel, n’est-ce pas, de voir la vraie vie si près, mais si brouillée à la fois? Si plusieurs trouvent très difficile de devoir choisir là, tout de suite, ce que la vie leur réserve, d’autres ont une illumination quant à leur avenir. 

Je fais partie de ces privilégiés, car j’ai eu la chance de savoir longtemps d’avance dans quel champ d’études je voulais étudier : les communications. (J’ai aussi eu la chance d’avoir deux parents formidables qui m’ont toujours encouragé, peu importe où je vais et ce que je fais, mais ça, ce sera pour un autre article.)

Le désenchantement

J’avais lu à 13 ans, dans mon magazine Cool!, un article sur une coordonnatrice des communications qui travaillait dans un label de musique. J’avais trouvé ma carrière, point final. La dame en question avait fait un baccalauréat en communication à l’Université Laval, puis s’était spécialisée en musique. Bing bang, quelques années plus tard, je m’inscrivais au Cégep Sainte-Foy en Littérature et arts (la culture, vous comprenez), puis j’accédais enfin à ces études supérieures, universitaires, qui me permettraient d’accomplir ma mission de vie, ma carrière qui s’annonçait fabuleuse. 

Et puis, il y a eu le désenchantement. J’ai entendu tellement de commentaires, plus qu’il n’en faut, sur le nivellement vers le bas qu’un baccalauréat en communication représentait. À quel point c’était «le bac à compost des études universitaires, tellement tout le monde qui ne savait pas quoi faire de leur vie choisissait ce programme». Des étudiants qui ne savaient pas vraiment ce qu’ils allaient faire après leur baccalauréat, il y en avait beaucoup, en effet. Il faut dire qu’on ne sort pas forcément communicateur de ces études, pas comme on sort pharmacien d’un baccalauréat en pharmacie du moins.

Ce sont des études ouvertes, offrant un éventail de choix et de possibilités. Pour ma part, j’avais un plan, j’apprenais. Ce n’était pas forcément comme je l’avais cru, mais j’avançais vers mon objectif. Je voulais communiquer, c’est tout! Comme d’autres veulent apprendre la physiothérapie et certains l’administration sous toutes ses formes. 

Certes, le diplôme ne ferait pas de moi la carriériste que j’aspirais à devenir, mais c’était le chemin vers le succès, le premier jalon. Pourquoi aurais-je laissé n’importe qui me dire que c’était un mauvais choix? Un choix qui ne me mènerait nulle part? Les communications étaient pour moi beaucoup plus qu’une pige aléatoire dans un catalogue de programmes universitaires, c’état un choix véritable qui me définit encore aujourd’hui. 

Effacer les préjugés   

Cette histoire a une morale : il n’y a pas de sot diplôme. Les mots «Ah, t’as juste un bac en Com’» ne devraient jamais être dits. Exprimer que «les étudiants en sciences sociales sont tous dans le même bateau, un navire vers le sans-avenir» est grotesque. Penser que les détenteurs d’un diplôme d’études professionnelles en camionnage, machineries lourdes ou plomberie «n’étaient pas bons au secondaire» est tellement réducteur. Nous vivons à une époque formidable où nous avons les moyens de nos ambitions, de nos rêves. Ce qui nous définit va au-delà d’une carrière. Chaque diplôme obtenu représente un nombre d’heures et d’efforts investis pour accomplir ses objectifs. 

N’oublions jamais que ce diplôme, finalement, est beaucoup plus qu’un bout de papier, mais bel et bien un porte-étendard de l’ambition de chacun.

Soyons fiers!