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La course au bonheur ou pourquoi être heureux à tout prix

Avez-vous remarqué à quel point nous n’aimons pas les émotions négatives? Lorsque quelqu’un dit qu’il ne va pas bien, on lui dit que ça va passer. Quand un enfant pleure en public, on se sent mal. Plus on réussit à faire cesser les pleurs rapidement, plus on se sent valorisé dans nos compétences parentales. Quand nous-même on se sent mal, qu’on est découragé, on s’empresse de se changer les idées. Pourquoi ce malaise avec la tristesse ou le chagrin? Peut-être parce qu’il faut être heureux à tout prix.

On valorise les gens heureux, les personnes positives qui voient toujours le bon côté des choses. La tendance y est aussi pour quelque chose. La course au bonheur est lucrative et l’équation «bonheur = réussir sa vie» met une pression énorme sur nos épaules. 

Entendons-nous tout de suite sur quelque chose : il est impossible d’être toujours heureux.

Vous avez le droit d’être triste, vous avez le droit de vous tromper et vous avez surtout le droit d’être vous-même. Les émotions désagréables (et non négatives, car une émotion n’est jamais négative, elle indique quelque chose) permettent aux émotions agréables d’exister. Comme la lumière et la noirceur, le froid et le chaud. Est-ce que le froid est moins bien que la chaleur? Est-ce que la peine est moins bien que la joie? Les deux sont nécessaires. 

En manque de quelque chose

Depuis les derniers mois (j’oserais même dire les dernières années), je constate avec déception que plusieurs personnes autour de moi sont malheureuses. Loin de moi l’idée de me prétendre meilleure que les autres en termes de bonheur. Au contraire, je m’inclus dans le flot insupportable de cette impression de manque qui rôde sournoisement dans ma vie. 

Manque d’amour, manque de reconnaissance, manque d’argent, manque de temps, manque de loisirs, manque de liberté…

On voudrait tous avoir ce petit quelque chose de plus qui nous rendrait plus heureux. On voudrait tous avoir plus d’heures pour arriver moins essoufflé à la fin de nos journées. On voudrait ne plus avoir à travailler avec ce collègue qui nous tape sur les nerfs. On voudrait avoir à ne plus s’en faire avec les kilos accumulés durant les dernières années. On aimerait avoir cette promotion ou même avoir le courage de tout quitter pour recommencer. 

Et si cet état de manque pouvait s’estomper? Et si on se préoccupait du verbe être plutôt que du verbe avoir?

Se permettre d’être qui l’on est. Être soi-même, avec ses forces et ses faiblesses. Être honnête dans nos relations. Se permettre d’être, tout simplement. Être joyeux, être en maudit, être débordant d’énergie, être au bout du rouleau. Être.

Donner le droit à nos émotions d’exister nous permet nous-même d’exister, car celles-ci font partie de nous. Être en paix avec soi, avec nos hauts et nos bas, amène un bien meilleur niveau de bonheur que celui faussé par un positivisme exagéré. En reconnaissant la peine qui nous habite et en lui laissant la place pour s’exprimer, nous réglons les choses en profondeur, plutôt que de balayer la poussière sous le tapis en prétendant être heureux. 

Se connaître, le premier pas vers le bonheur

Nous nous comparons tous. On compare nos enfants sur leurs exploits, leurs forces, leurs faiblesses, leur développement. On se compare au travail, on se compare sur les réseaux sociaux. Et nous avons raison! Vous avez bien lu! Nous avons raison de nous comparer, car, au fond, nous sommes tous différents.

Là où il faut être prudent toutefois, c’est lorsqu’on se compare en voulant devenir l’autre. Vouloir être cet autre revient à ne pas se connaître fondamentalement.

Personnellement, je me connais bien. Je sais que je suis une bonne oreille, que j’écoute plus que je ne parle. Je ne suis pas celle qui aime prendre la place dans une discussion ou dans un groupe. Je préfère écouter et observer. Pourquoi alors je veux être comme cette amie qui a toujours quelque chose à dire, qui a une opinion sur tout? Je ne suis pas elle. Et pourquoi vouloir qu’elle prenne moins de place, comme j’ai l’habitude de le faire? Elle n’est pas moi. 

Quel est le secret, donc? Ma piste : se connaître et assumer qui l’on est, puis laisser l’autre être ce qu’il est. 

Les gens autour de vous ne comprendront peut-être pas toujours votre chemin et vos choix. Et c’est bien ainsi : c’est votre vie, pas la leur. À l’inverse, vous ne comprendrez peut-être pas toujours le chemin emprunté par les gens autour de vous. Et c’est bien ainsi, c’est leur vie, pas la vôtre.

Soyons nous-mêmes. Soyons heureux!