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Le syndrome du «superhumain»

Je vous l’avoue en toute impunité : dernièrement, je me suis surmenée. Au point de frapper un mur. Me croyant invincible et débordante d’énergie, j’ai enchaîné les projets avec enthousiasme, sans jamais me satisfaire de mes accomplissements. Et puis à la mi-septembre, j’ai saisi une occasion que je ne pouvais tout simplement pas manquer : partir une semaine dans les Caraïbes pour y développer des retraites de yoga! Malgré les signaux d’alarme répétés par mon corps et une fatigue accumulée, j’ai sauté à pieds joints dans l’avion en quête de défis et d’aventures. Et tout bonnement en faisant ma pratique de yoga sur le sable chaud de Cuba, un nuage gris est venu ralentir ma course effrénée…

En mission d’affaires avec une délégation québécoise comptant 43 entreprises et 60 entrepreneurs, nous étions tous très excités à l’idée de découvrir le marché cubain au grand potentiel! Avec des rencontres débutant en matinée et se terminant tard en soirée, on était loin du séjour classique, soleil, mojito et farniente! Dans mon cas, il était hors question que je sois si près des plages paradisiaques sans pouvoir y goûter, ne serait-ce que quelques heures. Qui plus est, c’était mon devoir d’aller explorer les différents endroits pouvant potentiellement devenir une destination bien-être.

Frapper un mur

Alors,  j’ai fait de l’espace dans mon horaire pour visiter les plages de l’est à seulement 30 minutes de La Havane. Que de rencontres trépidantes sur ma route ainsi qu’une chance en or de m’imprégner de la culture locale. À peine ma serviette déroulée et une baignade bien méritée, je commence l’enchaînement de plusieurs routines de yoga. Après une bonne demi-heure de réchauffement, je trouve que ce serait une bonne idée de pratiquer la posture du Poirier, alias le  «Handstand». Je me dis en moi-même : «Au pire, que peut-il m’arriver de grave, je tombe sur le sable, je n’ai aucun risque de me blesser.» Hey, hey! Vous devinez la suite… Habituée de pratiquer cette posture à l’aide d’un mur dans mon studio perso, je n’avais pas prévu que je pourrais mal retomber et au passage me faire une entorse au pied.

Ce qui s’en est suivi n’était pas joli. Une visite à l’hôpital, certes (je confirme que les services hospitaliers de Cuba sont excellents), un demi-plâtre pour immobiliser le pied, la fin de mes rencontres commerciales à Cuba et trois semaines d’arrêt forcé sans pouvoir enseigner. Et voilà! La vie venait de me ramener à l’ordre. Et VLAN, «maintenant tu n’auras pas le choix de t’arrêter!», me disait-elle. Juste faire trois pas avec un pied dans le plâtre sans béquilles, c’est du sport. Ah oui, j’ai omis ce détail : à Cuba, les béquilles sont une denrée rare, donc il est hors de question de les laisser aux touristes même si vous êtes prêt à payer le prix fort! Si vous planifiez un séjour à Cuba prochainement, débarquer avec une cargaison de béquilles pourrait vous rapporter gros. Une idée comme ça si jamais vous prévoyez vous lancer en affaires!

L’esprit, tout comme le corps, a ses limites

Honnêtement, avec du recul (j’écris ces lignes à peine une semaine plus tard), le mur que j’ai frappé, il était petit. En effet, je me remets vite sur pied (jeux de mots douteux). Parce que ça aurait pu être pire. Parce que je tire des leçons de cet incident. Parce que je prends le temps de me remettre en question. Parce que mon corps a ses limites. Parce que chaque personne est différente. Parce que suivre les modèles d’entrepreneurs inspirants, c’est bien, mais jusqu’à quel point? Parce que dormir seulement 5 heures pour en faire plus, ça vous gruge doucement de l’intérieur. Parce que lorsqu’on en fait trop, ça nous rattrape toujours. Parce que par moment, il faut juste prendre le temps de s’asseoir et apprécier. Parce qu’être passionné ne rime pas toujours avec efficacité. Parce que l’important, même si on travaille fort, c’est de continuer à s’amuser. 

Parce qu’après tout, on est humain.