fbpx

L’inspiration a-t-elle une odeur?

À ma grand-mère, pour avoir imprégné en moi le meilleur souvenir : celui d’une bonne galette au chocolat chaude, tout droit sortie du four.

 

L’odeur des souvenirs

L’été dernier, j’ai lu le roman Odorama par Geneviève Janelle. Non seulement j’ai découvert une auteure québécoise extraordinaire, mais je me suis aperçu de l’immense place que prennent les odeurs dans mon quotidien. Le pouvoir qu’elles ont de remanier mes souvenirs m’inspire dans l’écriture de mes textes, de mes travaux, dans la confection de desserts (que je rate la plupart du temps) et plus encore. En fait, ce ne sont pas tant les odeurs en soi qui me permettent d’être créative, mais plutôt les souvenirs qu’elles font remonter à la surface de ma mémoire. Je ne sais pas ce qui a inspiré l’auteure à écrire sur un sujet aussi peu abordé, mais je suis contente qu’elle l’ait fait !

 

Le personnage principal du roman, Laurent, jeune chimiste pour un laboratoire de parfums d’ambiance, tente de se guérir d’une peine d’amour en recréant l’odeur de son ex-copine avec ses souvenirs. Créativité et folie n’ont jamais eu un fumet aussi tentant!

 

Ces odeurs camouflées

L’odeur, en fait, est efficace dans sa subtilité. Elle se rend dans les zones les plus instinctives de notre cerveau, où elle joue sur nos émotions et déclenche des souvenirs qui y sont reliés. Ces émotions sont l’élément déclencheur, le coeur du processus de création. Des réactions en chaîne s’ensuivent, à notre propre insu. Sources invisibles d’inspiration, les odeurs sont discrètes, camouflées dans l’ombre de notre quotidien.

 

Inspirer le travail des mains

Quand on passe trop près d’une boulangerie ou d’une pâtisserie, l’arôme futé du pain chaud et du gâteau traverse l’air aussi vite que la vitesse de la lumière pour se frotter à nos narines et on s’imagine instantanément des petites miches, des pièces montées et des gâteaux de toutes les apparences possibles qu’on pourrait cuisiner en rentrant. Notre imagination s’emballe et on visualise ces pâtisseries délicieuses, jusqu’à en avoir l’eau à la bouche. On étampe notre nez sur la vitrine ou la porte et on imagine la saveur parfaite à emporter, la façon dont on dressera la table pour servir chez soi, etc.

 

L’odeur des rituels

Suis-je la seule qui aime respirer l’odeur des grains de thé ou de café plusieurs fois ? Quand l’inspiration frappe le mur blanc de la page de l’ordinateur, l’odeur des grains de café torréfiés ou l’infusion d’un bon thé réconforte l’esprit fatigué. Petite pause, on inspire, on boit une délicieuse gorgée méritée et hop, la roulette à hamster qu’on a en guise de cerveau repart de plus belle.

 

Odeur, quand tu nous tiens

Se réveiller auprès de la personne aimée, lui dire au revoir, se coucher le soir et constater que son odeur est restée suspendue aux fibres de nos draps… ça fait battre n’importe quel cœur de bonheur. Avec un petit sourire, on colle notre museau sur la taie d’oreiller. L’odeur d’une personne est comme une empreinte digitale pour les narines. Si cela a motivé Laurent à recréer l’odeur de son ex, moi ça m’inspire simplement à être heureuse et à apprécier le souvenir d’un moment précieux partagé avec une personne.

 

Toujours le nez dans un livre

L’odeur d’un livre neuf n’a pas de prix pour un bon lecteur. La bouffée d’air qui voyage jusqu’aux narines pour les chatouiller, et ce, dès l’ouverture de la première page, est inévitablement le début d’une belle histoire.

 

Gageons que nous porterons tous une attention particulière aux odeurs qui se trouveront sur notre chemin aujourd’hui !

Quelle odeur vous inspire ou évoque chez vous un bon souvenir ?

 

Illustration : Myriam Des Cormiers