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Plaidoyer sympathique pour le pelletage de nuages

En vacances à La Havane, au coeur d’une dynamique urbaine harassante et stimulante, je découvre les contrastes des fastes coloniaux d’antan et la pauvreté de bidonvilles contemporains. Dans une atmosphère polluée par les gaz d’échappement des automobiles et dans un monde aux frontières physiques et mentales rigides, bercée par des musiques riches, mais souvent exclues de la culture savante monolithique, je me demande: comment être optimiste? Eh bien je crois que les plus belles relations humaines donnent simultanément des réponses et de l’espoir. 

Parfums d’enfance

Un samedi à la plage avec les Cubains, à travers l’image universelle – mais toujours touchante – d’une grand-mère accompagnant son petit-fils jouer dans l’eau, je suis baignée de souvenirs. Mes propres souvenirs d’enfance avec mes grands-parents tant aimés, un lien familial si précieux que l’on nomme parenté à plaisanterie dans des contrées plus méridionales. Ces êtres chers ont mis des couleurs dans ma vie. Tout un univers peuplé de gentils fantômes est contenu dans leur maison où j’y ai fait l’apprentissage du jeu, du jardin, de l’initiation à la politique, du passage de la boulangère ambulante, du bassin avec les poissons, du camping en caravane, des mystères du grenier…etc. Effluves des sens. Je me rappelle de presque tout, des odeurs, des rires, des jeux télévisés en noir et banc, des moments simples, des plats réconfortants. Berceau des expériences sensorielles et mémoire intime blottis dans un mouchoir de poche près du cœur. Des souvenirs que l’action du temps n’érode point.

Rêve général

De retour en ville dans cette vaine course frénétique contre la montre, coincée entre la dictature du YOLO (You Only Live Once: on n’a qu’une vie) et du FOMO (Fear Of Missing Out: la peur de manquer quelque chose, forme d’anxiété sociale manifestée par exemple dans le rafraîchissement fréquent de notre fil Facebook), je décide de résister par la flânerie de l’esprit, l’ivresse des plus doux souvenirs et la poursuite de mes idéaux. Face aux algorithmes potentiellement tout-puissants et aux big datas émotionnelles soi-disant muses de nos passions, que nous reste-t-il? Le pelletage de nuages? Si cela revient à s’élever à la hauteur de nos idées, à dissiper les pollutions mentales et écologiques, à percer une brèche dans le monde des possibles, à vouloir franchir le mur du son de l’utopie, alors j’adopterai volontiers cette option. 

Actions inflammables 

Soyons dignes, enflammons nos esprits de la possibilité d’un engagement individuel et collectif pour le bien commun. Lors d’un moment évanescent, dans un sac à images placé aux confins de mon imagination, j’ai tiré au sort: le baobab immuable qui dialogue avec le solo jazz effréné du saxophone. De cette mélodie-palabre en mode mineur jaillit la possibilité d’une faille: l’antre de nos émotions interstitielles nous rappelle que nous ne devons pas laisser mourir la beauté que nos grands-parents ont incubée dans nos âmes.