fbpx

Qu’est-ce que je fais ici (tte)?

«Shanghai ? Qu’est-ce qui t’amène si loin?»

Un coup de tête. Ou plutôt, un coup de pied au derrière. Le genre qui te déplace d’un continent à l’autre. Pas suffisamment clair ? Je m’en doutais, alors laissez-moi vous expliquer. Fermez les yeux et imaginez la scène quelque peu clichée.

Des étudiants souriants, lançant leur chapeau de finissant vers le plafond d’un grand gymnase d’école. Joie, bonheur, euphorie. «Finies, les études!» Au fond de la salle, à l’écart, y’a moi. Un jeune diplômé qui ne vit pas du tout le même trip que les autres. Effectivement, être étudiant, ça va me manquer. En ti-pêché. De plus, je ne suis pas très emballé à l’idée d’enfin faire la fameuse transition vers le marché du travail. À mes yeux, le processus de recherche d’emploi pour une personne débutant sa carrière n’a rien de très séduisant.

Pessimiste ? Pas tout à fait. Je préfère dire réaliste. De nos jours, le fait d’avoir un diplôme ne consiste pas en une garantie que tous les employeurs vont se ruer à nos pieds. Aussi, contrairement à ce que certains baby-boomers laissent entendre, on n’obtient pas un emploi uniquement par le biais de poignées de main bien placées. The Times They Are a-Changin’, chantait Dylan.

Des CV, j’en ai envoyés. Sans réponses. Sans même un appel en entrevue. Et pourtant, je suis un candidat très motivé. Je suis travaillant, bilingue, poli. J’ai une bonne hygiène corporelle, je chante très bien plusieurs succès des Backstreet Boys et j’ai d’excellentes anecdotes à raconter. Or, force est d’admettre que la section «expériences professionnelles» de mon curriculum vitae n’est malheureusement pas suffisamment garnie. Le fait d’avoir travaillé comme sauveteur à temps partiel au cours de mes études ne m’aidera pas à me trouver un emploi dans le domaine de la publicité.

Quelles sont donc mes options ?

a)     Prier.

b)    Attendre qu’il soit 11h11 et faire un souhait.

c)     Un stage.

J’ai personnellement essayé ces trois options, et je vous conseille d’opter pour la dernière.

Aaah le stage! Le stage, le stage, le stage. Certaines personnes ont un haut-le-cœur en entendant ce mot. Trop souvent, on s’imagine un jeune étudiant maladroit, passant l’entièreté de ses quarts de travail à préparer un café pour quiconque ose lui adresser la parole. S’il est chanceux, il a droit à un magnifique bureau situé dans la salle de la photocopieuse, qui deviendra rapidement sa seule et unique amie.

Si vous croyez encore à ce mythe, c’est qu’il est probablement temps de vous ouvrir les yeux. Lâchez votre Tamagotchi et arrivez en 2015 : un stage, c’est cool. Et si, comme moi, vous aimez les voyages et les défis, optez pour l’option turbocool : un stage à l’international.

Direction la Chine

En quelques jours, je suis parvenu à trouver un contact œuvrant dans le domaine de la publicité en Chine et qui était fort intéressé à prendre un jeune stagiaire sous son aile. Je n’ai eu qu’à faire mes démarches de visa, à apprendre à dire Ni Hao sans avoir l’air trop fou, à reporter mes vacances à Old Orchard avec ma copine et le tour était joué. 

Voilà donc ce qui m’amène à Shanghai: un fort désir d’acquérir de l’expérience de travail et une soif insatiable de voyager. Il en résulte une expérience autant enrichissante sur le plan professionnel que personnel. Ici, je m’imprègne d’une culture à l’opposée de la mienne. Je vois, je touche et je goûte du nouveau chaque jour. Je me place fréquemment dans des situations auxquelles je n’aurais jamais été confronté dans mon petit cocon québécois, et ce, en apprenant davantage sur mon métier.

Conjuguer avec l’inattendu

À mon retour, je pourrai dire à mon futur employeur que l’inattendu a fait partie de mon quotidien chaque jour pendant trois mois. Que j’ai rapidement dû revoir ma façon d’élaborer des campagnes publicitaires sur les médias sociaux, car en Chine, Facebook et Twitter sont remplacés par Wechat et Weibo. Qu’un jour, je devais contacter un collègue Chinois en urgence, mais que je n’arrivais pas à le trouver, puisqu’il faisait une sieste je-ne-sais-trop-où au bureau (ce qui est tout à fait normal ici). Que souvent, ni l’anglais ni le français ne suffisent pour communiquer, mais que curieusement, la patience et des mimes judicieusement placés permettent de mener de nombreux projets à terme.

Si j’écris ces mots, c’est parce que je sais pertinemment que plusieurs diplômés se retrouvent devant le même problème auquel j’étais confronté quelques semaines plus tôt.

Je m’adresse donc à toi, jeune adulte égaré dans une transition trop précipitée vers le marché du travail : si tu cherches une expérience de travail incroyable, si tu cherches à voyager autour du globe ou bien si, simplement, tu te cherches toi-même (ça arrive, t’inquiète), fais tes valises et pars travailler à l’international.

Si jamais tu le regrettes, je te paierai une bière. Et si tu capotes ben raide toi aussi, je t’en paierai une quand même. Ainsi, tu pourras prendre le temps de tout me raconter.

Qu’est-ce que t’attends ?

 

Illustration : Myriam Des Cormiers