fbpx

Une petite phrase magique, et ce qu’elle peut vouloir dire

J’aime, et je suis aimé.

Cette petite phrase-là, facile à dire en apparence, elle m’a peut-être pris dix ans, vingt ans avant de pleinement la croire, de pleinement y adhérer. Il y a encore une montagne d’objections qui se présentent à chaque fois que je l’énonce : Aimé par qui? Pour quoi? Comment? Je réponds à tout ça par la répétition :j’aime, et je suis aimé.

D’abord, j’aime parce que c’est la première étape. Dire j’aime, c’est croire au monde, au monde tel qu’il est ici et maintenant. C’est accueillir les joies comme les douleurs du quotidien en disant voilà, c’est ça, c’est comme ça, tout simplement, et que je crie ou que je tempête ne changera rien. Alors, j’aime. J’aime du mieux que je peux. Les autres. Moi. J’aime, de toutes mes forces.

Un chevalier du changement

Lorsque j’ai quitté Québec, où j’habitais depuis sept ans, pour retourner vers les Îles-de-la-Madeleine, où j’ai grandi, je l’ai fait avec une intention consciente : entouré de mes meilleurs amis, de ceux qui m’ont vu traverser tellement d’épreuves ces dernières années, j’ai fait le vœu d’accueillir le changement, de devenir (expression empruntée à mon amie poète) un chevalier du changement. Autrement dit, de devenir à la fois un défenseur et un exemple vivant qu’on peut changer de voie brusquement, sans prévenir, et que le ciel ne nous tombera pas sur la tête.

Le plafond de ma chambre aux Îles a beau être un peu abîmé, rien ne m’est encore tombé dessus que je ne puisse récupérer. Et c’est ça l’essence du message : il n’y a pas d’obstacles insurmontables, pas de chemins qui mènent au néant. Quitter la ville pour revenir là où je me sens le mieux, a quelque chose de risqué, je l’admets volontiers. Mais le bonheur que j’en tire, l’amour que ces Îles m’apportent, il n’y a pas d’obstacles qui peuvent les diminuer.

Je ne vous dis pas évidemment de tous partir pour les Îles, ou de tous retourner à la maison! Ce que je dis, c’est qu’à partir du moment où on accueille le changement les bras ouverts au lieu de l’attendre avec une brique et un fanal, on s’étonne de voir comment les choses prennent place. Est-ce que tous mes problèmes sont réglés? Est-ce que mon avenir est assuré ici? Non. Mais ce sentiment d’être là où je voulais être me donne la force de me tenir debout.

Être aimé

Et la suite, c’est quoi? J’aime, d’accord, mais suis-je aimé?

Je vais y aller d’une équation simpliste, mais qui me paraît appropriée : je suis aimé parce que j’aime. Je n’ai pas rencontré le grand amour encore, je n’ai pas magiquement cessé d’être célibataire. Mais j’apprends à aimer les choses telles qu’elles sont, et j’apprends surtout à m’aimer comme je suis.

Donc, oui, je suis aimé, ne serait-ce que par moi, parce que je prends des décisions qui me ressemblent. Je suis aimé parce que je m’entoure de gens nouveaux, avec qui j’ai envie d’être, et à qui je ne cherche pas à plaire en dépit de moi-même. Et je suis indulgent. Ça m’a pris vingt ans avant de pouvoir dire j’aime, devant la vie, et il faudrait que tout change du jour au lendemain?

Ce moi qui ne s’aimait pas, qui n’aimait pas le reste du monde parce que trop confrontant, trop blessant, trop violent, il existe encore quelque part. Je ne crois pas qu’il disparaîtra totalement un jour. Mais je peux apprendre à m’en détacher, doucement. Prendre mes distances. Dire j’aime, et croire sincèrement être aimé en retour.