Décubiculer sa vie
Entre ces quatre petits murs, ce cubicule blanc et gris, s’entassent des envies de nouveauté.
De s’envoler. Se faufiler, s’évaporer, se réintégrer.
Ailleurs. Partout. N’importe où.
Pour vivre. Vivre de ses écrits, de ses histoires.
De celles qui sont belles, de celles qui le sont moins.
De celles qui ont fait mal. Pour le sortir du cœur.
De celles qui font sourire des yeux. Pour jouer avec le bonheur.
Passer sa journée à corriger. À jongler avec un dictionnaire et un clavier.
Déplacer les mots pour qu’ils aient du sens. Souhaiter que sa vie en fasse autant.
Vouloir plus. Avoir peur. Se sentir à côté de la track. Parfois seule.
Se questionner, pendant que la vie des autres défile :
« C’est-tu ça? C’est-tu juste ça? Parce que c’est pas assez. C’est-tu moi?
Qu’est-ce qui faut faire? J’ai-tu le droit de faire autrement? »
Tout de même, ne pas oser.
Mais savoir qu’on a la chance de choisir.
Regarder les autres qui l’on fait. Se demander : « Pourquoi pas moi? »
Continuer de rêver. Rêver de la prendre, cette chance.
Puis un jour, se décider.
Par où on part? Vers où on va? Comment on commence?
Le move, il se crée? Il se fait seul? Il apparait?
Non. Faut bouger.
Regarder. Apprendre. Imiter. Essayer.
Échouer. Demander. Analyser. Recommencer.
Avancer à tâtons. Être patient. Garder son équilibre. Surtout, se respecter.
Se questionner. Se repositionner. On va y arriver.
S’entourer mieux. Relaxer. Inspirer. S’écouter. S’inspirer.
Ne jamais arrêter. Pis sourire. Sourire souvent.
Placer un pied dans le vide. Se lancer les yeux fermés, le nez bouché.
Pis sourire. Sourire encore.
Apprendre à marcher en même temps qu’apprendre à nager. Mais avancer. Toujours avancer.
Pis sourire. Sourire tout le temps.
Quand on prend conscience de son potentiel, quand on fait ce qu’il faut pour se donner une chance, le cubicule se décloisonne, devient un tremplin et laisse la place au beau et à l’inconnu. C’est là que l’aventure commence! C’est là que la vie commence.
Illustration : Myriam Des Cormiers