fbpx

Ce qu’on laisse derrière soi

J’aime les rituels. 

Je ne sais expliquer comment ni pourquoi, mais ils me réconfortent. Comme les lignes sur le mur qui marquent la croissance d’un enfant au fil des années, mes rituels sont des repères temporels qui laissent des traces de mon édification personnelle.

Chaque 31 décembre, je fais un topo de la dernière année en dressant la liste des réalisations-actions-apprentissages dont je suis le plus fière. Je prends le temps de réfléchir, puis j’écris les choses que je souhaite apporter dans la prochaine année, ainsi que celles que je souhaite laisser derrière moi. Ce peut être un état d’esprit, une habitude, un objectif, des valeurs, etc.

Je conserve cette liste et l’insère dans un objet que j’utilise quotidiennement, mon agenda ou mon téléphone, par exemple. Toute l’année durant, je peux relire ces mots, comme un doux rappel de ce qui m’est nécessaire pour mieux avancer, un repère lors des journées plus chaotiques.

Parmi tous les constats faits lors de ce rituel au fil des ans, il y en a un qui est récurrent. S’il m’effrayait jadis, il n’en est plus rien aujourd’hui : je réalise chaque année que je change, que mes priorités ne sont plus les mêmes, et surtout, je réalise que j’ai le choix.

Avoir le choix, prendre des décisions; cela peut faire peur et donner la nausée à quiconque ne souhaite déplaire à personne. 

Malgré les vertiges que ces choix peuvent provoquer chez moi, cette année, je me donne le droit de laisser derrière moi des projets, des valeurs auxquelles je n’accorde plus autant d’importance. Des inquiétudes ou des personnes pour qui j’ai consumé énormément d’énergie, sans savoir si cela m’a véritablement nourrie. 

J’ai le choix de dire non. D’appuyer sur stop, de refuser de m’exposer aux sources d’énergie négative, de mettre fin aux combats qui n’en valent plus la peine.

Je tente de me rappeler qu’il ne s’agit pas d’un échec ni d’un abandon. Je ne jette pas l’éponge, au contraire. En établissant mes priorités, j’allège le poids de mon esprit, de tout mon être, et ce, pour mieux avancer.

On ne traverse pas le désert les épaules chargées d’équipement superflu. On apporte uniquement l’essentiel, sans quoi on y laisse sa peau. 

Dans ma traversée, je veux me tenir droite, la colonne vertébrale solide comme le roc. Je veux que mes yeux soient rivés vers l’horizon, que mon crâne pointe vers le ciel, que chaque pas franchi soit vif, que mon cœur soit bien ancré dans ma poitrine, et surtout, qu’il vibre. Qu’il résonne dans tout mon corps par amour et passion. 

On a toujours le choix.

La partie la plus difficile dans la prise de décision, c’est d’assumer ses choix et d’accepter qu’ils puissent être déchirants, mais qu’au final, ils sont justes, car ils respectent nos ambitions les plus profondes. Surtout, il ne faut jamais les regretter. 

Car où qu’on aille, on ne peut pas avancer si on oublie d’où l’on vient. C’est un non-sens. S’il y a bien une chose dont nous pouvons être certains, c’est notre point de départ. Y a-t-il même une arrivée? Et si tout ce qui comptait réellement, c’est le chemin parcouru, y compris les détours et les embûches?

J’aime penser (peut-être naïvement) que chaque obstacle rencontré, même s’il vient avec son lot d’épreuves et d’émotions fortes, donne naissance à un apprentissage qui nous habite pour toujours. Que même la plus sombre des journées nous conduit vers la lumière. 

J’aimerais vous dire de foncer cette année, d’appuyer sur l’accélérateur sans jamais vous retourner et de filer vers l’horizon, comme dans les films. Mais je ne crois pas que cela soit réaliste. Ce qu’on laisse derrière soi, qu’on le veuille ou non, fait partie de nous. 

On a toutefois le choix : on peut tout porter sur ses épaules ad vitam æternam, ou accepter qu’on puisse répandre ces petits morceaux de soi sur les différents tableaux que l’on a peints au fil du temps.

Je nous souhaite, le plus sincèrement du monde, de nous entourer de personnes avec qui nous nous sentons bien. Avec qui on peut être la meilleure version de soi-même. Je nous souhaite d’avancer ensemble, pas nécessairement à la même cadence, mais dans le même paysage.