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Mikayla, la serveuse qui avait choisi de sourire

Je suis allée au restaurant l’autre soir en compagnie d’un ami rencontré au cours de mon voyage. Il tenait à aller dans un restaurant très précis, car il connaissait la serveuse. Ayant appris à suivre le courant au fil du voyage, je n’y voyais aucun inconvénient.

Cette serveuse se nommait Mikayla et c’était la plus belle fille que j’avais vue de tout le voyage. Elle avait un sourire d’or qui remerciait le ciel de la vie qu’elle avait la chance de vivre et les yeux pétillants d’amour, de compassion et de générosité. Elle ne faisait pourtant rien d’autre que son travail : nous accueillir, nous servir, nous demander si tout allait bien. Sa voix était douce, rassurante, charmante; nous d’avions pas d’autre choix que d’apprécier sa compagnie.

Le meilleur service que je n’ai jamais eu, le plus beau sourire que je n’ai jamais vu, la meilleure personne que j’ai rencontrée. Ça se sent réellement quand une personne est honnête et pleine de bonté. Dans son cas, je l’ai su à la seconde près.

Plus tard, mon ami m’a dit qu’un ami proche de Mikayla venait de mourir une semaine plus tôt. Ça m’a choquée. Je n’aurais jamais cru que cette personne vivait en ce moment une grande souffrance. Et pourtant. Elle aurait pu se plaindre et donner un moins bon service, et mettre ça sur la faute des événements. Ça aurait été légitime. Elle aurait pu faire un service juste « ordinaire », pis ça aurait été juste normal. Mais elle avait choisi de sourire à la vie, d’être reconnaissante pour que ce qu’elle avait aujourd’hui et pour les gens qu’elle avait la chance de côtoyer.

Ne pas se morfondre dans le passé et être reconnaissante de ce qui est, ici et maintenant

Je crois que l’amertume entraîne l’amertume. Tu reçois un mauvais service, tu vas être de mauvaise humeur en sortant du restaurant, tu ne t’arrêteras pas pour laisser traverser un piéton qui attend sous la pluie et qui voudrait bien se rendre chez lui à temps, parce qu’il a une conférence et qu’il doit maintenant se changer (et probablement prendre une douche, car il est trempé).

C’est la loi de Murphy : quand ça va mal, attends-toi au pire. J’ai envie de dire que cette loi peut également s’appliquer à l’inverse: quand ça va bien, attends-toi au meilleur.

Si tu ne t’apitoies pas sur ton sort, de bonnes choses viendront à toi. Un peu comme le karma. Et franchement, je l’ai expérimenté durant mon voyage : plus j’allais bien, et mieux se déroulait mon voyage. À partir du moment où je me suis dit que le fait que mon ordinateur se soit brisé était en fait une bénédiction, le voyage n’en est devenu que plus agréable.

Le cercle vicieux de la bonté

Après avoir reçu un service comme celui de Mikayla, qui a choisi de sourire plutôt que de pleurer, je n’ai guère eu le choix de me sentir bien. J’ai eu envie d’être généreuse à mon tour, de sourire aux inconnus. J’ai eu envie de faire un petit quelque chose pour quelqu’un, d’avoir une petite pensée pour une personne. Et cet inconnu à qui j’ai souri et souhaité une bonne journée s’est probablement senti plus léger et il a sans doute eu le goût d’être aimable à son tour.

C’est un cercle vicieux et positif, un cercle de bonté. Je me dis que si de plus en plus de gens commencent à agir comme Mikayla, qui a tout mon respect, il sera possible d’avoir foi en notre humanité et de croire qu’au fond de chaque être se cache une bonne personne qui ne demande qu’à aimer et être aimé. Ça sonne peut-être un peu quétaine ou cliché, mais j’en suis convaincue malgré tout.

C’est dommage que je n’aie pas eu plus de temps dans les environs, car cette personne correspondait le plus à ce que j’ai cherché durant tout le voyage, bien que chaque personne que j’ai rencontrée fut en soi une personne formidable. Je n’ai peut-être pas son portrait en image, mais j’ai récolté ce jour-là un souvenir encore plus précieux : un peu de la bonté qu’elle partage et qui fait grandir avec amour. 

Mikayla, on ne se connaît pas; j’étais une cliente, tu étais une employée, mais sache que ton souvenir restera à jamais imprégné dans ma mémoire.

Merci.

Crédit photo : Laurie Emmanuelle Parent