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Passeport 2016

C’est le début de 2016. 

Pas mal de monde fait son bilan, son introspection… Beaucoup sur les médias sociaux d’ailleurs. N’est-ce pas paradoxal de s’extérioriser l’intérieur sur Facebook?

C’est aussi le retour au boulot avec l’espoir de connaître une meilleure année que la précédente. Sur mon ordinateur, j’ai changé mon fond d’écran. L’année dernière, j’avais mis une citation. Là, j’ai choisi un paysage de forêt. Il faut croire qu’en ce début d’année, je ne suis pas dans le même état d’âme qu’en 2015.

Parlant de mon ordinateur, il me rappelle que je dois renouveler mon passeport. Bonne nouvelle. J’aurai un nouveau passeport cette année. Avec une nouvelle photo et plein de pages blanches fraîches pour accueillir des étampes de nouvelles destinations jusqu’à maintenant inexplorées.

On n’écrit pas de bilan dans un passeport. Juste les informations essentielles dont les douaniers ont besoin pour nous laisser traverser les frontières. Et on passe en terre étrangère avec nos valises, nos bagages «extérieurs», qui sont scrutés attentivement. Notre bilan, nos bagages «intérieurs», eux autres, le douanier s’en fout pas mal. (À moins d’être reconnu comme étant un dangereux criminel.) On fera bien ce qu’on veut avec en voyage

Si on a une bombe de bonheur dans l’cœur, libre à nous de la faire exploser au sommet du volcan qu’on a choisi d’escalader. Si on transporte un couteau de larmes dans notre gorge, on pourra sans problème trancher tous les océans qu’on veut avec notre peine. Si on traîne une bouteille de plus de 100 ml d’un mélange d’angoisse et de hâte dans notre tête, on aura le plaisir de la déverser peu à peu à l’endroit où on veut. Le douanier n’en a rien à faire de notre bagage intérieur. Une chance, parce que ça serait long en maudit de passer aux douanes. 

C’est un peu le même principe avec les photos de voyage qu’on partage à notre retour. On se montre souriant en haut du volcan, les gens trouvent ça ben beau, mais ils ne pourront jamais comprendre parfaitement ce qu’on a ajouté à notre bilan à ce moment précis. Ça ne s’explique pas en photos ces affaires-là. C’est ça la beauté de nos frontières d’être humain. 

En 2016, si, en plus de mon passeport canadien, j’avais à me faire un passeport pour traverser l’année, je le ferais avec une photo sur laquelle je souris, et j’espérerais remplir mes pages d’étampes de toutes sortes d’expériences qui sauront enrichir mon bagage dont le douanier se fout.

Et je voyagerais davantage avec mes proches dans le monde réel.

Et je ferais une meilleure douanière de moi-même, en tentant de mieux gérer ce qui se passe à mes frontières.