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Josiane O’Rourke l’a fait

Parfois, on choisit un chemin qui semble nous aller. On avance comme on devrait avancer. Quelques fois, il arrive que l’on ne se retrouve plus et que l’on réalise qu’on doit tout simplement changer de trajectoire. Tracer son parcours comme on l’entend et comme on devrait vraiment le vivre (même si ça va à l’encontre du « modèle » qu’on nous impose), c’est une chance qu’on peut se permettre de prendre. Et ça ne veut pas dire qu’on ne sait pas se brancher.

C’est ce que Josiane O’Rourke m’a permis de comprendre, lorsque nous nous sommes rencontrées pour la première fois. C’était au Braincamp de septembre dernier, où Josiane y était en tant que professeure de yoga. Coup de cœur, coup de foudre; j’ai découvert en elle une personne ouverte, à l’écoute, douce, souriante, inspirante (bien entendu!) et motivante.

L’Histoire de Josiane, avec un grand H

Depuis ma tendre enfance en Abitibi-Témiscamingue, j’aime me tenir en équilibre sur une jambe, manger des granolas et parler aux arbres. Malgré ces « signes précurseurs », j’ai tout de même fait un détour par le monde du cinéma pendant 6 ans, en coordination d’effets visuels plus spécifiquement, avant de me lancer dans l’univers de l’enseignement du yoga en 2010. Parallèlement à ce changement de cap, j’ai aussi poursuivi des études en enseignement du français langue seconde de 2011 à 2015. Tout récemment, j’ai commencé une formation en massothérapie. 

Bien que j’étais heureuse dans ma première carrière, certaines interrogations revenaient sans cesse. Pourquoi donc avais-je autant de passions en dehors de mon travail principal? Je me demandais si j’avais un problème d’hyperactivité, et pourquoi j’étais incapable de « me brancher ». Je cherchais le lien entre certaines de ces intérêts qui étaient, en apparence, décousus. Puis, le dénominateur commun à toutes ces nouvelles et anciennes vocations m’est apparu évident : l’Humain. Avec un grand « H ». J’avais envie de contribuer au bien-être des Humains qui m’entourent, et de multiplier les échanges avec eux. Bientôt, j’ai réalisé que l’enseignement du yoga était le contexte idéal pour veiller au bien-être des gens, pour partager mes passions, et pour être laisser libre cours à ma créativité.

Qu’est-ce qui t’as amené à faire ton « move »?

Un élément a été déterminant pour moi et m’a amené à faire le grand saut : une rencontre avec un conseiller en emploi au Carrefour jeunesse-emploi du Plateau Mont-Royal. Une boite de mouchoirs plus tard, il m’avait fait comprendre que j’avais le droit et qu’il était même normal d’avoir des aspirations autres sans culpabilité auprès de mes employeurs, de mes collègues et surtout, auprès de moi-même. Puisque je me sentais tellement chanceuse d’être là où j’étais, je me disais qu’il était impossible et inacceptable que je change d’idée après tous les efforts que j’avais fournis. Si au départ il était difficile de voir le lien entre cinéma et yoga, maintenant je réalise que de ces expériences ont contribué à mon épanouissement dans ce que je fais aujourd’hui. 

Que conseillerais-tu à une personne qui veut se lancer mais qui n’ose pas?

Je lui conseillerais de lire cette phrase, très sage, prononcée par ma belle-maman Linda : « Dans la vie, il n’y a rien d’irréversible! ». Aujourd’hui plus que jamais, j’en ai la certitude : la vie n’a pas à être un processus linéaire. Si cela correspond à nos valeurs, on peut choisir d’être du type « explorateur », de faire quelques pas devant, d’aller vers la gauche avant de bifurquer vers la droite, de faire quelques culbutes au passage, et même de revenir en arrière! Par exemple, cet été j’ai choisi de retourner à mes « anciennes amours » en acceptant un contrat de coordination tout en poursuivant l’enseignement du yoga. L’important, je pense, est d’y aller à son rythme d’avoir un plan de transition. Je dirais d’avoir confiance en la vie, tout en ne se fermant pas de porte.

Qu’est-ce que tu aimes de ta nouvelle vie?

J’aime la richesse que comporte ma nouvelle vie. Mais attention, je ne parle pas ici d’une richesse au sens monétaire du terme (parce que quand on repart à zéro en tant que travailleur autonome, la richesse monétaire, on repassera! Hihi!) Il s’agit plutôt d’un sentiment de liberté que l’on n’ose même pas imaginer quand on fait du 9 à 5; d’un sentiment de faire, d’une certaine façon, la différence dans la vie des gens et d’avoir l’occasion de prendre soin d’eux tout en déployant sa créativité. Ma nouvelle vie me rend riche par les personnes extraordinaires que je rencontre et par les projets de collaborations menés avec d’autres extra-passionnés (#lesinspirés).

Est-ce que c’était comme tu te l’aurais imaginé?

Bien que j’aie fait une transition assez douce vers le yoga à temps plein et que j’aie eu le temps d’apprivoiser cette nouvelle vie avec ses réalités, les premières années m’ont amené quelques surprises… de belles surprises! Par exemple, mon coup de cœur pour le yoga sur SUP (Stand Up Paddle Board), que j’ai commencé à enseigner dès 2012. Je ne me serais pas imaginée en train de guider des retraites de yoga au Québec et à l’international, mais ces occasions se sont présentées à moi assez rapidement. Je ne me voyais pas non plus en train de transmettre la tradition du yoga dans le cadre de festivals d’envergure (Yocomo, Wanderlust), et pourtant, cela s’est produit. Quand je repense à ces belles opportunités que j’ai eues durant ces premières années en yoga, je ne me pète pas les bretelles en les voyant comme des exploits car ce n’en sont pas. Ce qui me rend fière, ce sont toutes ces peurs que j’ai dû transgresser pour y arriver. Et celles-ci sont maintenant derrière moi.

Quels sont tes défis à venir?

L’adage « qui prend mari prend pays » m’amènera, dès janvier prochain, à déménager pour quelques mois à l’autre bout du monde : en Nouvelle-Zélande! Ce sera donc un grand défi pour moi de repartir à zéro, de cogner aux portes des studios de yoga avec mon CV de yogini pour les convaincre de me laisser enseigner dans une langue qui n’est pas la mienne. Mais à bien y réfléchir, je pense que ce n’est pas pour rien que je me plais à transporter ma pratique de yoga sur un SUP. J’aime ce sentiment de déséquilibre contrôlé, en sachant qu’il sera vite remplacé par la joie d’accéder à des endroits et expériences insoupçonnés et indescriptibles! Je vois la vie un peu de la même manière, et je me dis que de toute façon, « il n’y a rien d’irréversible »! Vous me verrez de retour à la maison dès le printemps prochain, avec de nouveaux chapitres à mon calepin d’exploratrice. Ka kite ! (« À bientôt », en maori.)

Crédit photo : Isabelle Gadbois