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Le paradis de la semaine de 32 heures

Au moment de rédiger ces premières lignes, on est vendredi matin. Je suis dans un café, à écrire. Je ne suis pas au bureau. Je ne suis pas en vacances, et ce n’est pas férié non plus. J’écris. Et je travaille « pour moi ». Avant de vous attaquer au reste de ce texte, sachez qu’il m’aura fallu plusieurs mois pour l’écrire. Je vous expliquerai pourquoi…

Juillet 2015

Je travaille en tant que rédactrice marketing et technique dans un firme d’ingénierie. Juste avant mes vacances, on m’annonce un transfert d’équipe afin de participer au développement d’un nouveau projet. Ce dossier, bien que très excitant, correspond de moins en moins à mes (nouvelles) aspirations. Durant cette période, plusieurs éléments me causent du stress. Mes nuits s’écourtent et flirtent avec l’insomnie. J’ai cette constante impression de courir après mon temps. Faire l’épicerie est possiblement le seul moment de qualité avec moi-même que je peux m’accorder.

Surtout, je suis entre deux. Depuis un moment, l’envie de plancher sur mon blogue et mes projets personnels se fait de plus en plus grande. La vie de travailleuse autonome me fait de beaux yeux et se pare de ses plus beaux habits en paillettes afin de m’attirer vers elle. Mais, pour être honnête, j’ai un peu la chienne! Et je ne suis pas tout à fait certaine que c’est ce qu’il me faut vraiment.

Me vient alors l’idée de faire un test. Pourquoi ne pas commencer en diminuant mes heures au travail? Une semaine de 4 jours, ce n’est pas que pour les mamans, ou les semi-retraités, après tout!

32 heures, ça change pas le monde, sauf que…

Je suis de ces personnes qui comptent leurs journées à la minute près. Les projets et les implications, en plus de la vie de bureau m’occupent. Beaucoup. Cette vie de bureau, elle comptait 37, 5 heures de travail, 4 heures de pauses dîner et 10 heures de déplacement (en bus). Si je me fie à ma calculatrice, c’est 51,5 heures de vie en 4,5 jours. Parce que déjà, j’avais cette chance d’avoir le vendredi après-midi de congé! Puis entre ça, je comble les trous de ma vie de Jeune adulte responsable : l’entraînement, l’écriture, le blogue, les amis, l’épicerie. Puis plier les draps, passer l’aspi, appeler ma grand-mère et tenter de me trouver un mari convenable. (Dure, dure, la vie, me direz-vous?)

Avec ce petit changement, ma vie comptait alors 32 heures de travail, 4 heures de pauses dîner et 8 heures de déplacement (en bus) pour un petit 44 heures. Je venais de gagner 7, 5 heures. Le vendredi était maintenant dédié à ma rédaction, et, surtout, à prendre le temps de vivre.

Parce qu’on reste humains, après tout

Bien avant l’idée de la diminution de salaire que cette décision imposait, ce qui m’inquiétait le plus était la réaction de ma directrice. Que va-t-elle penser? Que va-t-elle dire? Est-ce bien vu? Est-ce mal vu?

Première étape, lui exposer ma vision, mon besoin de création. Droit au but. Sa réaction a été plus que fantastique. Non seulement elle acceptait, mais elle comprenait. Elle m’a dit ces mots, que je garderai dans ma petite poche pour bien des années encore : «Il ne faut jamais mettre tous ces œufs dans le même panier! C’est en fait très sain, d’avoir des projets pour soi.» Quand on est une jeunesse, on a tendance à croire que nos boss sont uniquement centrés sur le travail. En fait, c’est tout le contraire. Ils sont humains, tout autant que nous. Ils ont une famille, des amis. Ils connaissent la vie. Et, surtout, ils préfèrent avoir un employé heureux.

Travailler moins, travailler plus

La semaine de 32 heures compte plus d’un avantage! Déjà, juste pour le moral, j’ai vu rapidement la différence. Le fait d’avoir plus de temps pour moi me permettait de mieux planifier ma semaine. (Les lunchs, l’épicerie, le tralala de la vie quotidienne, quoi!) J’étais moins exténuée, tant au bureau qu’à la maison. Le stress et l’insomnie ont diminué. Tous ces facteurs faisaient en sorte que mon rendement au bureau était nettement plus productif.

Et la cerise marasquin sur le sundae avec des pinottes, c’est que le samedi, vers midi, je réalise qu’on est samedi. Qu’il me reste encore une autre journée complète pour plancher sur mes projets et mes autres tâches connexes d’adulte. L’été ajoutait au plaisir, bien entendu, mais je vous jure que je vivais sur un petit nuage. Pendant un week-end de trois jours, tout semble plus doux. 

Avril 2016

Pourquoi tout ce temps avant la publication? Parce que je ne trouvais pas l’angle. Parce que je n’arrivais pas vraiment à sortir les bons mots. Parce qu’au final, même si 32 heures semaines, c’était le paradis… ce n’était pas celui qu’il me fallait. Depuis, j’ai trouvé un nouvel emploi dans le milieu culturel. Un emploi qui me permet de garder cette fibre rédactionnelle très vivante. Aujourd’hui, ma vie de travail ressemble à ceci : 35 heures de travail, entre 2,5 et 5 heures de pause dîner et 2,5 heures de déplacement (à pied!). Ça fait entre 40 et 42, 5 heures.

Au moment de rédiger ces dernières lignes, on est mardi soir. J’ai retrouvé mon « 35 heures semaine » et je vais travailler vendredi. Et tous les jours de ma vie, je suis aussi heureuse que ce vendredi matin où je prenais mon café.

J’aurais aimé vous dire à quel point la vie de bureau de 32 heures est fantastique. Parce qu’elle l’est! Vraiment. Cependant, au final, je crois que ce qui est le plus fantastique, c’est de trouver l’emploi qui colle à son mode de vie, à ses valeurs et à ses aspirations.