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Les pièges de la pensée positive (Première partie)

Et si l’on rêvait plus modestement? Qu’on voyait moins grand et qu’on avait des ambitions plus petites? Dans un monde où l’on attribue beaucoup de mérites à la pensée positive et où l’on veut nous faire croire que tous peuvent avoir, faire ou être ce qu’ils veulent pourvu qu’ils le veuillent assez fort, la proposition fait sourciller. Pourtant, c’en est une très sérieuse et c’est celle de Gabrielle Oettingen, professeure de psychologie à NYU qui s’intéresse à la science de la motivation. 

L’entrevue qu’elle a donnée à Shankar Vedantam, animateur de l’excellente série radiophonique Hidden brains, m’a longtemps trotté en tête. Gavés comme nous sommes au pouvoir de la pensée positive (vous vous rappelez le succès immense du livre Le Secret? Et des millions d’autres ouvrages sur le sujet qui ont suivi!), il est quelque peu déstabilisant de se faire dire que celle-ci n’aurait peut-être pas tous les bénéfices qu’on lui attribuerait. Pire : selon des recherches effectuées dans les 15 dernières années, envisager de manière trop positive l’atteinte de nos buts réduirait en fait nos chances de les atteindre. 

La chercheuse explique que ces pensées positives, qui nous font du bien sur le moment, peuvent s’avérer de véritables pièges quand vient le temps de se mettre en action. Physiquement, lorsqu’elles sont ressenties, les pensées positives réduisent notre pression sanguine, notre énergie et nous procurent un sentiment d’accomplissement accompagné d’un effet relaxant. Et c’est exactement cette étape cruciale que Gabrielle Oettingen identifie comme problématique. À ce moment, notre cerveau croit qu’il a déjà atteint le but imaginé, envisagé ou rêvé et nous nous retrouvons finalement dépossédés de l’énergie nécessaire pour se mettre en marche vers ce même but. 

La professeure a étudié le cas d’étudiants en période d’examens, de personnes inscrites dans un programme de perte de poids, ou de nouveaux diplômés s’apprêtant à rentrer sur le marché du travail. Elle a fait le constat que ces gens qui avaient envisagé trop positivement le résultat de leur démarche réussissaient moins bien leurs épreuves, perdaient moins de poids et avaient plus de difficulté à se trouver un emploi que les autres. Parce que, finalement, ces premiers, repus par leur faux sentiment d’accomplissement,  ne mettent pas les efforts nécessaires pour réussir véritablement.  

Bon que faire alors? Broyer du noir et s’imaginer un avenir terne et peu excitant? Non non, heureusement pour nous, après avoir détruit tout le discours que l’on se fait servir depuis tout petit sur le pouvoir de la pensée positive, Gabrielle Oettingen a la gentillesse de nous proposer une nouvelle façon de l’envisager.  C’est que la professeure de NYU s’est aussi intéressée, au cours de ses recherches, à la façon dont nous pouvions utiliser ces pensées positives de manière…productive! 

Je vous présenterai sa méthode, assez simple et qui n’a rien de magique, dans un prochain billet.