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Slow toute ou l’éloge de la lenteur en temps caniculaire

J’ai pris environ 2 mois pour écrire ce billet. 58 jours pour pondre 593 mots : je n’ai pas calculé, mais vite de même ça ne doit pas me donner un indice de productivité bien élevé. C’est que cet été j’ai eu envie de tester quelque chose qui va complètement à contre-courant de ce qu’on nous enfonce dans la tête dès notre plus jeune âge : l’antiproductivité.

OK à vrai dire ce n’était pas un choix conscient, plutôt un (non) rythme qui s’est imposé au fil d’après-midi à lézarder au soleil, de balades paresseuses en nature, d’apéros entre amis et de tâches remises à plus tard. Plutôt que de céder à cette petite voix qui me chuchotait qu’il y avait une ou plutôt mille listes (allô les listeux compulsifs anonymes!) de choses à accomplir qui dormaient dans mes cahiers, j’ai décidé de m’offrir sans culpabilité des semaines non productives.

Casser ce besoin de toujours être en mouvement, se débarrasser de cette impression que si on n’avance pas on va nécessairement reculer et qu’on ne pourra jamais rattraper ceux qui sont bien embarqués dans cette course folle à la réalisation du plus de choses possible n’a pas été facile. Dans un monde où l’on valorise les longues heures passées au travail, les soirées double-bookées et la capacité à faire deux-trois-six choses en même temps, il est difficile de changer son paradigme de pensée et de ne pas en souffrir.

Préférer « être » à  « faire »

Il a fallu que je trouve ailleurs l’immense satisfaction que peut entraîner le sentiment d’accomplissement. J’écris cette phrase avec un peu de rouge aux joues tellement elle pourrait figurer dans un livre de croissance personnelle, mais durant cette belle saison, j’ai eu envie de mettre mon énergie sur « l’être » plutôt que sur le  « faire ». Un processus qui m’a rendue reconnaissante de toute la beauté qui m’entoure: le soleil, la chaleur, les brises qui nous rafraîchissent quand celle-ci se fait trop pesante, les rires de mes amis, les baignades au lac et les jours d’été qui ne finissent plus. Je suis devenue ultra sensible à mon environnement, beaucoup plus attentive aux gens qui m’entouraient et bien plus présente dans les moments passés avec eux.

Tirer la plug

J’avais peur en tirant la plug de ressentir un vide et de remettre en cause l’importance de mon existence, mais c’est plutôt un immense sentiment de plénitude qui m’a envahie. Parce que prendre le temps de ne rien faire, c’est aussi prendre une distance avec ce que l’on fait. C’est analyser avec un peu de recul les choses qu’on a envie de faire, qu’on fait par habitude, qu’on se sent obligé de faire et celles qu’on voudrait faire, mais qu’on ne fait jamais. C’est se demander pourquoi et pour qui plutôt que : comment, mais comment vais-je faire pour faire tout cela en temps voulu? Et ça fait un bien fou. Finalement, c’est comme si après avoir entendu ad nauseam que « ce n’est pas la destination qui compte, mais bien le chemin parcouru » j’ai embrassé pleinement ce motto digne d’un roman de Musso.  

Alors non, cet été je n’ai pas lu le livre d’école que je m’étais juré de terminer avant la rentrée, mes affiches dorment encore dans une grosse boîte quelques deux mois après mon déménagement, mon processus pour apprendre à conduire n’a pas avancé depuis mars dernier et le projet sur lequel je m’étais promis de plancher cet été est encore au stade de l’idéation. J’ai fait la paix avec cet inventaire de non-réalisations et je n’ai jamais été aussi heureuse. 

Illustration : Myriam Des Cormiers