fbpx

David ou le meilleur mécanicien que je connaisse

J’ai rencontré un Allemand à l’auberge jeunesse avant de partir. Pas n’importe quel Allemand. Un voyageur avec les rêves plein les yeux, l’esprit plein d’aventures et le cœur assoiffé de découvertes. Appelons-le David*. David sait suivre son instinct, et ce dernier l’a toujours mené exactement là où il devait se retrouver.

Il travaillait en mécanique; il était capable de reconnaître un bris dans toute chose, trouver quelle était la source du problème et réparer minutieusement ce qui n’allait pas. C’est le meilleur mécano que je connaisse, puisqu’il a su très clairement trouver ce qu’il n’allait pas chez moi.

J’avais les ailes cassées apparemment. J’essayais tant bien que mal de battre des ailes, mais je finissais toujours par retomber. Et chaque fois je me faisais plus de mal qu’auparavant. J’ai trop essayé. Voilà le problème. J’ai trop essayé en oubliant complètement les raisons qui m’ont menée à ce projet. Ces raisons se résument à suivre mon instinct.

C’est mon instinct qui m’a dit de partir. C’est mon instinct qui a fait naître ce projet en moi. Alors pourquoi, soudainement, j’ai cessé de le suivre? Une fois à Vancouver, j’ai tenté de mettre en œuvre mon projet initial. Avec ma tête, je veux dire. Je suis même allée jusqu’à contacter des modèles professionnels. Parce que dans ma tête à moi, il fallait que je fasse mes photos parce que c’est ce à quoi s’attendent de moi mes “followers”. Résultat ? On perd tout le côté authentique dans les photos. C’est du “fake”.

Je ne suivais plus ma petite voix intérieure. J’étais perdue, attristée et je ne comprenais pas.

Puis, j’ai rencontré David. On a discuté, on a fait du rollerblade, on a mangé, rigolé, photographié et retouché. Il a su trouver les outils nécessaires pour me remettre sur pied.

En échange, je lui ai partagé mon savoir en photo qui, à mon avis, pouvait grandement l’aider dans l’accomplissement de son projet à lui. Après quelques exemples de retouches, il était tellement heureux : il souriait et sautait partout comme un enfant. C’était beau à voir. S’aider mutuellement, c’est la beauté du partage entre voyageurs. Et franchement, le simple fait de l’avoir aidé, à ma façon, a donné une nouvelle raison d’être à mon voyage.

C’est ainsi qu’au bout de deux jours durant lesquels David et moi étions devenus inséparables, je me suis sentie prête à partir. J’étais réparée. Bien que j’aimais beaucoup être en sa compagnie, et qu’une partie de moi était prête à rester encore un peu à ses côtés, je devais partir. Il était temps. Et puis, mes ailes avaient désormais plus fière allure que jamais.

Je sais désormais que je dois simplement continuer mon chemin sans trop me poser de questions. Les photos viennent d’elles-mêmes, sans que je les force. Mon Instagram en est la preuve.

Perchée sur le sommet d’un pic de Kamloops, ma nouvelle destination, le vent caresse mon visage. Il est doux, rassurant. J’ai le sourire aux lèvres, l’esprit tranquille et le cœur léger.

Merci David.

*Nom fictif

 

Crédit photo : Laurie Emmanuelle Parent