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Écouter ses tripes et recommencer

Qui n’a pas rêvé une fois dans sa vie de relancer les dés? De rebrasser ses cartes pour voir ce que la chance allait lui donner. En se disant: «de toute façon, je n’arrive à rien avec ce jeu, on va tenter autre chose!» La sensation de l’inconnu, d’écrire une nouvelle page de sa vie. Ce petit goût grisant de la nouveauté, des possibilités qui s’offriront à nous. Car parfois, au fond de nous, le désir de changement est là. Radical. Et pour le mieux.

Mon départ vers Montréal s’est fait avec la conviction que c’était LA chose à faire. Mon entourage pouvait bien m’expliquer les raisons pratiques de rester et les écueils de l’immigration, je le sentais dans mes tripes. Je n’arrivais pas à donner d’explications rationnelles mais les choses allaient bien se passer, je le savais. La suite de ma vie était dans cette direction. Avec deux valises et une chambre d’hôtel pour cinq jours comme seul repère à mon arrivée. Après neuf hivers et autant d’étés, je suis content d’avoir suivi ma petite voix intérieure qui me hurlait d’aller voir ailleurs !

Il y a des décisions comme celle-là qui nous engage pour des vies totalement différentes du chemin déjà tracé, du déjà vu.

Des proches ont aussi choisi l’expatriation pour quitter des pays où les situations économiques, politiques ou sécuritaires sont très difficiles. Laisser sa famille, son environnement, pour une vie meilleure. Les nouveaux départs ne sont pas faciles mais sont souvent porteur d’espoir.

Généralement on associe les nouveaux départs a une chose qui sort de l’ordinaire. Et c’est vrai! Ce sont aussi des moments charnières de nos vies : changement de carrière, séparation, deuil, naissance…Mais les nouveaux départs sont aussi dans notre quotidien. L’extraordinaire est plus souvent sous nos yeux que nous le pensons.

Je rencontre souvent des personnes qui vivent avec des troubles anxieux. Après des années à souffrir en silence, à s’être isolés, certains finissent par être tannés d’être tannés et veulent une vie plus agréable. C’est alors un nouveau départ qui s’enclenche pour eux. Reprendre du pouvoir sur leur vie. Cela peut être aussi anodin que vérifier juste une fois de moins si la porte de l’entrée est bien fermée, ou accepter d’aller voir une amie malgré notre anxiété.

Les nouveaux départs ne sont pas forcément des réussites, on frappe également nos limites.

Personne n’a dit qu’un nouveau départ était facile. Notre égo et notre confiance sont touchés. Est-ce que nous allons pouvoir finir la course, même très lentement? Est-ce que l’abandon est la seule issue raisonnable? Ces départs ratés nous apprennent beaucoup de choses sur nous-mêmes.

Quelles étaient mes motivations? Est-ce que j’étais réellement prêt à partir? Comment je pourrais m’adapter autrement? Les nouveaux départs, différents pour chacun, nous apportent tous leurs lots d’inconnu, d’excitation, d’appréhension. Ils nous obligent à nous dépasser nous faire découvrir des facettes de notre personnalité.

Avec le recul, je me demande encore si malgré le courage que cela m’a pris d’émigrer, il n’y avait pas une petite dose d’inconscience, de fuite en avant. Peut-être. Mais parfois il faut suivre sa folie, si on la sent saine et forte ! Et les nouveaux départs nous enseignent une chose essentielle : nous sommes toujours en vie !