
L’humain n’est pas une machine
« Être en bonne santé mentale n’est pas de se sentir bien quoi qu’il arrive.
C’est plutôt de ressentir des émotions cohérentes avec le contexte et ce qui se passe. »
Lisa D’amour en conversation avec Adam Grant
L’humain n’est pas une machine.
C’est une évidence, et pourtant…
Consciemment ou non,
On voudrait que notre constance n’ait d’égal que notre productivité.
Il faut que. Il faut que. Il faut que.
On voudrait être toujours à on et jamais à off.
Énergie. Énergie. Énergie.
On voudrait que le sommeil soit le seul besoin de « maintenance ».
Focus. Focus. Focus.
On voudrait que nos enfants s’exécutent tout le temps au bon moment.
Go. Go. Go.
On voudrait que notre cerveau trouve les solutions sur demande et rapidement.
Efficience. Efficience. Efficience.
On voudrait que les émotions négatives soient rarissimes et rapidement effacées.
Pense positif. Pense positif. Pense positif.
Une autre façon de nous couper de notre humanité est de nous isoler.
Mode : télétravail. Statut : Ne pas déranger Objet : pouvons-nous reporter notre appel?
Sommes-nous à ce point conditionnés à nous déconnecter de notre propre humanité et de nos besoins humains? Pourquoi n’avons-nous pas appris à travailler avec celle-ci, à la célébrer et à en tirer le meilleur? En ce début d’années, deux thématiques s’entrecroisent dans l’actualité pour m’amener à avoir envie de vous parler d’humanité.
D’une part, le climat social
Le monde socio-politique tel qu’on l’a connu est en grande transformation, du moins chez nos voisins du Sud (mais pas que). L’humanité de certains dirigeants semble faire place à un pragmatisme économique ou à d’autres impératifs présentés comme « rationnels ».
Bien évidemment, tous ne réagissent pas avec la même sensibilité à ces événements et à leurs possibles répercussions humaines. Les gens émotifs, réactifs, anxieux, tristes, qui ont la boule au ventre ou le souffle court en ouvrant les nouvelles, vous semblent-ils plus faibles, moins en contrôle? Ou simplement plus connectés à leur humanité?
Laissez-moi deviner, peut-être vous tapez-vous sur la tête d’avoir du mal à vous concentrer, à ne pas vous laisser envahir par toutes sortes d’émotions, face à des menaces « qui ne sont pas encore concrètes – c’est-à-dire qui ne vous touchent peut-être pas encore directement? » Si c’est le cas, relisez la citation en entête…
À l’inverse, peut-être vous insurgez-vous devant le manque d’humanité flagrant, c’est-à-dire cette façon d’être résolus à ce que certains souffrent pour que d’autres ne souffrent pas, vous demandant où s’en va le monde ou encore comment protéger vos enfants de cette noirceur de l’âme qui prend tribune.
Avancer malgré tout
Si je me fie aux nombreux échanges des dernières semaines au sein de notre communauté et au-delà, le discours se situe entre les deux : « ça me touche, MAIS j’essaie de ne pas me laisser atteindre, je continue à vivre normalement. Je continue à avancer, il le faut »
Pour tout vous dire, ça représente aussi mes propres sentiments. Mais j’oserais apporter une nuance. Et si « continuer à vivre normalement » n’était pas suffisant pour nous réconcilier avec l’humanité?
Mais comme « nous sommes la société », nous pouvons tous faire un pas de plus pour amplifier ce en quoi on croit, et ce, peu importe les personnes au pouvoir.
Le petit pas de plus, ensemble
Outre sourire à mes voisins, ce qui m’aide personnellement à retrouver la foi en l’avenir de notre espèce – ou à tout le moins la foi en une expérience humainement saine et enrichissante d’ici la fin du monde (ou notre propre fin) – c’est deux choses : la communauté et l’action concertée.
Dans notre société individualiste, nous avons tendance à poser des actions isolées, que ce soit en matière de santé, de mieux-être ou d’humanité.
Mais dans le contexte actuel, je suis convaincue que c’est parce que 1) J’ai la chance d’appartenir à des communautés humaines et chaleureuses, dans mon quartier, dans mon industrie qu’est la santé et la saine performance au travail, ou même au sein de ma propre entreprise et de son réseau de collaborateurs et collaboratrices – et 2) parce que nous travaillons activement, ensemble à des projets constructifs qui nous permettent d’incarner nos valeurs d’humanité – que je continue à percevoir un sens, que je réussis à ressentir un véritable sentiment de sécurité.
Autre sujet lié à l’humanité, l’intelligence artificielle
D’autre part, parlons de la machine ou celle qui est dans l’air ces jours-ci, l’IA. On nous annonçait en début d’année que 810 000 québécois pourraient voir leur gagne-pain remplacé par l’IA.
Comme vous l’avez lu en introduction, il y a maints exemples qu’on a intégré cette comparaison de l’humain à la machine depuis l’ère industrielle.
Depuis l’époque, c’est assez impressionnant de voir une machine faire le travail de plusieurs hommes ou femmes, plus vite, sans se fatiguer, sans se laisser atteindre par les hauts et les bas du quotidien, les nuits courtes, les virus, les deuils, les peines, les joies, etc. Tellement qu’on en est venus à admirer les humains qui réussissent à faire de même.
Ces jours-ci, c’est l’IA qui nous file des complexes.
Mais pas qu’aux plus manuels et tenaces cette fois.
Aux cerveaux les plus connaissants et les plus puissants, aussi.
Et voilà qu’on nous dit qu’à défaut d’être la machine, nous pouvons nous allier à celle-ci pour faire plus, faire plus vite.
À ceux qui me disent que « ça nous laissera alors plus de temps pour nos loisirs », ce serait bien la première fois que l’avènement d’une nouvelle technologie nous rendrait notre humanité.
Embrasser notre humanité comme acte de résilience
Ce que l’étude citée dans l’article nous apprend également, c’est que les métiers qui demandent de fortes compétences psychosociales ne sont pas menacés. L’intelligence artificielle n’arrive pas à répondre aux besoins émotionnels et psychologiques complexes de l’humain ou, à tout le moins, pas de la même façon… qu’un autre humain.
À mes yeux, c’est là que la brèche se trouve et que la lumière poindre : le terreau de cette nouvelle année est fertile pour développer les compétences psychosociales chez le plus grand nombre.
Au même titre que la connaissance ou l’expertise ne sera plus la propriété ou la marchandise des experts, les compétences psychosociales ne seront plus non plus réservées qu’à certains métiers Elles le sont déjà, mais elles deviendront, de plus en plus, des compétences essentielles. Nous devrons faire l’effort de mieux se comprendre et de mieux agir envers soi et envers les autres.
C’est peut-être de cette façon que les astres s’aligneront pour que l’humanité renoue suffisamment avec son bon côté et développe largement sa conscience pour trouver des solutions aux enjeux politiques et sociaux qui l’assaillent.
Ou peut-être que ce sera trop peu trop tard. Mais dans l’intermède, la diminution des souffrances et de l’incertitude réside peut-être dans le simple fait d’essayer.
Ça te donne envie de passer à l’action?
Voici quelques ressources et idées inspirantes pour ne pas sombrer dans le cynisme et plutôt participer à l’essor d’une humanité forte et assumée cette année :
- Imagine un projet d’équipe ou un projet organisationnel sain, motivant et performant avec nous.
- Développe un peu plus tes compétences psychosociales et celles de ton équipe avec de simples réflexes
- Rejoins une communauté constructive
- Trouve des alliés bienveillants et implique-toi dans ta collectivité (Gens de Québec, faites comme moi et joignez votre conseil de quartier)
- Adopte des comportements plus humanistes et rejoins le mouvement Être Humain (un obnl dont je suis membre du CA)
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