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Nous sommes riches

« Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous. »  – Dalaï-Lama

Plus je vieillis, plus je développe une relation amour-haine avec l’argent. Je l’aime parce qu’il me permet de voyager et d’accomplir des projets, mais je le déteste parce qu’il nous divise. En fait, j’ai de la misère à concevoir qu’un simple bout de papier avec le visage d’une personne inconnue ait autant de pouvoir sur le déroulement ou le dénouement d’une vie. On naît tous égaux, mais nos réalités et nos parcours nous différencient.

Personnellement, je viens d’une famille qui m’a montré assez tôt que je ne pouvais pas tout avoir. Je n’ai jamais manqué de ce qui était important, mais j’écoutais les émissions gratuites sur une petite télévision 13 pouces pendant que mes amis écoutaient le câble sur une 36. Je sautais au-dessus de l’arrosoir de pelouse pendant que mes amis se baignaient dans une piscine. Je ne me plains pas, j’ai eu une belle enfance. Je passais mes journées dehors, été comme hiver, les deux pieds dans la rivière, dans le bois ou dans les champs enneigés autour de notre petite maison. C’était ça la vie avant l’arrivée des technologies…  

Insatisfaction chronique

Nous vivions dans la simplicité, mais j’ai fini par vouloir plus à force de voir ce qu’il y avait autour de moi. Adolescente, j’ai rapidement gagné une indépendance financière qui me permettrait d’acquérir ce qui allait me rendre être aussi « heureuse » que les autres. Je n’avais même pas l’âge légal pour travailler que je cueillais déjà des fraises pour acheter mes films préférés en VHS et des bonbons à volonté. À 17 ans, je travaillais de nuit dans une usine de biscuits pour me payer du linge. Quelques années plus tard, je conjuguais déjà plusieurs emplois, en plus de mes études à plein temps. À 20 ans, j’achetais le premier iBook sur le marché et ma première voiture.

Inutile de dire que j’ai compris assez vite que j’avais besoin de faire plus d’argent pour continuer ce rythme de vie. À 26 ans, j’avais un sentiment de devoir accompli : j’occupais un emploi convoité et j’étais propriétaire d’une maison avec un walk-in et une piscine. Malgré tout, les années passaient et je voulais toujours plus : voiture de l’année et vêtements sans compter. Je réalise que j’aurais acheté une maison à un million et une Mercedes que je n’aurais pas été plus heureuse que les autres en fait…

Un nouveau départ

Par chance, j’ai évolué et mes besoins ont changé. J’ai adopté un autre rythme de vie et j’ai récemment vendu ma maison. C’est en déménageant que j’ai réalisé à quel point je possédais BEAUCOUP de choses, certaines n’ayant jamais été utilisées. Je pense que j’achetais sans retenue pour combler mon insatisfaction ou pour projeter l’image d’une fille qui a réussi. Je me demande encore à qui je voulais prouver quelque chose. À mes anciens collègues pour leur montrer que je me pensais meilleure? À mes anciennes flammes pour leur montrer ce qu’ils avaient perdu? À moi-même pour me convaincre que ma vie était parfaite ainsi?

Tout était un mensonge, un mirage. La réalité, c’est que je n’ai jamais rien eu à prouver à personne. Je voulais combler un vide, le fait que j’avais oublié de profiter de la vie. Vous savez, cette vie pure et simple qui nous émerveille quand on a les deux pieds dans l’eau ou dans la neige? 

Plus le temps avance, plus je réalise que la richesse est constituée de ce qui se trouve tout simplement sous nos yeux : les paysages, l’architecture, les enfants qui grandissent, les couchers de soleil, les sourires des inconnus. Personne n’a besoin d’un billet de 20 $ pour apprécier ces petits moments. Je suis riche et toi aussi tu l’es. Il faut juste apprendre à lâcher nos écrans (pas facile!) et être reconnaissant de ce que la vie a à nous offrir.

Sur ce, je retourne travailler pour payer mon loyer, mais surtout pour recommencer à voyager avec mes yeux d’enfants.