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Toute la vie possible – Une histoire d’abondance et de simplicité

Toute la vie possible : une histoire d’abondance et de simplicité

 

J’ai longtemps résisté à la simplicité.

Celle-ci m’a longtemps paru étrangère.

 

Déjà, au Cégep, plusieurs discutent vivement de simplicité volontaire avec le feu dans les yeux. J’ai 17 ans et je ne suis par contre la vertu. Bien de mon temps, je fais déjà de petits gestes conscients pour l’humanité et l’environnement, mais le concept ne vient pas me chercher dans les trippes. 

 

Je ne m’identifie pas à la simplicité qui demeure pour moi un concept purement rationnel… et trop contraignant je l’avoue. Vouloir moins, c’est juste contre-intuitif pour l’amoureuse de la vie que je suis. Pour la jeune assoiffée qui se prépare à se lancer dans la vie. Pour celle qui croit que tout est possible.

 

Naturellement, je suis celle qui veut toujours plus :

 

Plus de liberté

Plus de temps

Plus de possibilités

Plus d’aventure

Plus d’amour

Plus de célébrations, de petites choses, d’expériences, de souvenirs, de bonheur.

 

Plus de vie.

Oui, toute la vie possible

 

***

 

Au début de ma vie de jeune professionnelle, ma longue liste de rêves tire sa raison d’être dans la joie de vivre une vie riche et d’expérimenter le monde.


Un jour, je prends mon courage à deux mains et je fonce :

 

Déménager dans la grande ville, tomber follement amoureuse, aménager un nid douillet, adopter un chat, donner des cours de Yoga, créer un blogue pour connecter avec des gens qui me ressemblent, nous marier dans une cérémonie à notre image, rénover une vieille maison de campagne, vendre la maison et recommencer en ville, cuisiner des plats remplis de nutriments, de saveur, de couleur,  voyager un peu, lancer ma propre entreprise, puis travailler (en plus) pour un start up promettant de transformer le monde, quitter pour créer un mouvement qui célèbre les jeunes professionnels inspirés, fonder une famille tissée d’amour infini, ajouter un magazine Web, décrocher un emploi de rêve qui met mes forces à contribution, alouette!

 

Je suis inspirée par tout ce qui m’entoure.

Je suis privilégiée.

Et insatiable.

J’ai la liberté de profiter pleinement du monde, de le gober et de le nourrir en retour.

 

Vivre pleinement, tout vivre.

Et pour me sentir comblée, je me sens comblée.
Mon cerveau déborde et l’excitation est à son comble.

 

***

 

Puis une lointaine leçon d’économie me revient vaguement : un biscuit, c’est bon. Deux aussi. Trois, quatre, cinq et la nausée nous prend.

 

Le point de saturation. 

 

Mon premier bébé dans les bras, attablée devant mon clavier et mon cahier de note, je ne me reconnais plus tout à fait. Mes désirs tirent dans tous les sens. Ma to-do list déborde de souhaits et d’idées.

 

Je veux les concrétiser.

Je veux ralentir.

Je ralentis, mais je me sens coupable de le faire. 

Alors je donne petit coup de coeur après petit coup de coeur.

Je n’achève pas grand chose.

 

Mais je continue. 

Je bûche.

Je résiste.

 

À cette époque, le mouvement du minimalisme prend d’assaut instagram. Je regarde passer les photos et les textes bien sentis de toutes celles qui disaient vouloir moins et mon coeur se serre.

 

Pire que de ne pas venir me chercher, cette nouvelle mouture du mouvement fait naître en moi une grande dissonance. 

 

Je me sens coupable, je me sens erronée.
Immature. Déraisonnable.


J’ai le sentiment d’être complètement futile avec mes désirs qui sont encore nombreux, et contradictoires, de surcroît.

Ma tête me dit que je devrais être différente.

 

Mon coeur se serre encore.

La simplicité, ce n’est pas moi.
Ça ne l’a jamais été.

 

Moins, ça ne me dit rien.

Rien du tout.

Ça me déprime.


Moins, c’est lancer la serviette,

C’est renoncer.

 

Et renoncer, quand on est celle qui veut plus.

C’est difficile. C’est décevant.

C’est un deuil.

Un gros deuil.

 

Je ne suis pas prête.

 

*****

Cela aura pris un bon quatre ans. 

 

Quatre ans à vouloir tant que je faisais peu.

Rien d’autre que de m’agiter.

 

Quatre ans à organiser et réorganiser mes pensées et mon emploi du temps.

À papillonner d’une idée à l’autre.

 

Quatre ans à me sentir comme l’ombre de la lionne inspirée que j’avais déjà été. 

Quatre ans à me sentir un peu gelée, désorganisée, dépassée les meilleurs jours.

Inintéressante, vieillissante, démodée et vouée à rien du tout les jours plus sombres.

 

Quatre ans à ne plus être capable d’agir en adéquation avec mon idéal.

Mais à continuer d’en parler comme s’il était encore d’actualité.

 

****

 

Quatre ans et un autre bébé avant que je m’avoue enfin et complètement le fait que je ne voulais plus « tout », et encore moins tout en même temps.

 

Que je ne voulais plus « plus » ou plutôt, que pour avoir tout ce que je désire profondément, il me fallait vouloir moins. 

 

Faire moins. Beaucoup moins.

 

Quatre ans pour qu’au terme d’une longue pause qui m’apparaissait sur le fait fort improductive, j’aie le sentiment d’aboutir enfin. D’arriver.

 

À reconnecter avec la version la plus simple et la plus vraie de moi-même.

À enlever une couche après l’autre :

 

La performance

La comparaison

La pression sociale

La dépendance à l’excitation

Les rêves qui n’en étaient plus.

 

À me reposer enfin.
Apaiser mon esprit.

 

Libérer mon âme.
À nouveau.

En retrouvant, non sans émotion,

ce qui avait toujours été là.

Toujours été moi.

Et qui le serait probablement toujours.

 

4 ans avant de me sentir fin prête à me regarder en face 

à réaliser que je suis « tout » et que j’ai déjà assez. 

Que j’ai tout.

 

« Je ne construis pas un empire,

Je construis une âme et une famille*. »

 

Et sous le trop plein, mon âme étouffe et s’atrophie.

 

Oh! Je désire encore des choses.

Je désire encore profondément plus de liberté, de complicité, d’alignement, de vrai, de vie.

La différence, c’est que je n’invente plus 1001 façons compliquées de les générer.

Tout est déjà là.

 

Si ma gratitude est sincère

Mes désirs sont aussi légitimes.

Mes désirs sont mon guide

Mon énergie m’indique où aller, naturellement.

Suffit de faire de la place.

 

L’abondance, ça ne s’empile pas.

Ça se déploie, ça fleurit, ça s’étend.

 

Suffit de choisir ce qu’on veut faire éclore.

Ce qu’on veut voir grandir.

 

Je renonce, donc.

Et renonce encore, souvent.

 

Sans deuil, ou presque pas.

Sans résistance aucune.

 

En fait, je choisis.

Simplement.


Avec toute la satisfaction du monde.

Et mon âme s’embrase.

De saisir le sentiment d’être vivante.

 

Pas dans un futur projeté.

Mais bien ici et maintenant.

 

*Petite phrase percutante lue quelque part au milieu du livre Present over Perfect de Sauna Niequiest