Ralentir : 10 pistes pour y arriver pas à pas
« Parfois, notre liste de choses à ne pas faire se doit d’être plus importante que notre liste de choses à faire » Patti Digh
La culture de surperformance, bien présente à l’école et dans le monde du travail, nous entraîne dans une course folle à toujours en faire plus, plus vite, plus intensément. Vivre à toute allure, est-ce vraiment synonyme de vivre pleinement? Au contraire: le rythme effréné de la vie finit par nous rattraper tôt ou tard.
« Ce n’est pas parce que l’on vit à 100 à l’heure que l’on vit à 100% » mentionne Cindy Chapelle, auteure du blog La Slow Life et d’un livre sur le sujet. Le mouvement slow, ou l’art de vivre en décélération, gagne en popularité dans un monde qui va trop vite. Ralentir pour s’ancrer dans le ici et maintenant permet de vivre et de travailler mieux, avec présence et satisfaction.
Baisser la cadence, ça peut sembler intimidant où même farfelu, mais c’est tout à fait possible. Pas besoin de modifier drastiquement ses habitudes de vie: l’idée est d’incorporer des réflexes sains dans sa routine par le biais de petits changements bienveillants. Voici des pistes pour intégrer et bénéficier de la lenteur dans son quotidien, pour soi et son entourage.
Changer de perspective
Il faut déconstruire ses acquis pour ouvrir la porte à de nouvelles façons de faire. Délaisser l’idéal de la productivité maximale est essentiel pour laisser place à une approche bienveillante et saine. Être toujours occupé et pressé, ce n’est pas absolument pas nécessaire et même nuisible. Pour commencer, il faut s’accorder la permission d’enlever la pression inutile qu’on se met sur les épaules.
La première étape est donc de faire le choix conscient de vivre plus lentement, plus doucement… De prendre le temps de prendre son temps et laisser place à un rythme qui respire. En bout de ligne, cela s’avère productif et contribue à nous faire apprécier le moment présent, alors arrêtons de culpabiliser si notre horaire n’est pas complètement rempli. À l’inverse, soyons plutôt fiers de de tracer nos limites en aménageant du temps et de l’espace pour les choses qui comptent vraiment.
Apprivoiser l’ennui
Notre cerveau est constamment bombardé d’informations fusant de partout. Dans notre monde hyper-connecté, ce ne sont pas les distractions qui manquent. Il semblerait qu’avec l’infinité de divertissements instantanément accessibles à notre disposition, l’ennui ne fait plus partie de nos vies.
En l’absence de stimuli, l’inconfort s’installe et l’impulsion de fuir ce sentiment désagréable se fait sentir rapidement. Pourtant, c’est en allant au-delà de ce malaise initial qu’on laisse place à la créativité. En laissant nos pensées vagabonder, on peut établir des nouveaux liens. Ne vous est-il pas déjà arrivé de voir surgir une idée intéressante en exécutant une tâche à priori banale?
Alors, la prochaine fois que l’ennui se fait sentir, voyez-le comme une opportunité au lieu de tenter d’y échapper immédiatement en ouvrant Netflix ou en défilant sur les réseaux sociaux.
Connaître et respecter son rythme naturel et celui des autres
La vie est remplie de fluctuations. Rien ne sert de chercher à absolument caser son temps de manière constante; certains jours sont simplement mieux (ou pires!) que d’autres. Même au courant d’une seule journée, notre corps connaît des variations d’énergie, d’humeur, etc. Ça vaut la peine de prendre compte de son propre rythme et planifier ses tâches en accord avec celui-ci.
Comme on l’aborde dans nos contenus audios du programme Les Saisons, notre société actuelle nous demande constamment de nous conformer à un rythme universel. Cela n’empêche toutefois pas l’existence de nos rythmes naturels. On vous invite donc à vous questionner sur votre rythme pour mieux naviguer le flot du quotidien.
Il faut bien sûr prêcher par l’exemple et également respecter le rythme de son entourage, notamment en arrêtant de dire aux enfants de se dépêcher. Laisser les enfants rêvasser et explorer à la vitesse qui leur convient leur permet de découvrir le monde sereinement et de cultiver leur imagination.
Respirer
Même si ça sonne cliché, prendre un instant pour respirer, ne serait-ce qu’une minute, permet de se recentrer et se connecter à son corps. Il y a une raison pour laquelle la respiration a une place centrale dans les techniques de relaxation comme la méditation.
Un truc tout simple pour s’apaiser et revenir à soi: prendre une grande inspiration par le nez – en remplissant le ventre d’air – suivie d’une longue expiration, puis répéter à quelques reprises. Essayez-le! Et si vous vous sentez particulièrement agité, poussez un profond soupir. Ça libère!
Prendre le temps de manger lentement
Par sentiment de manque de temps, de nombreuses personnes ont l’habitude d’engloutir leur lunch à la va-vite en répondant aux courriels ou vont carrément sauter des repas. Pourquoi ne pas renouer avec le plaisir de manger et honorer les aliments qui nous nourrissent?
Toutes les raisons sont bonnes pour ralentir à table: meilleure digestion, appréciation plus grande pour la nourriture, reconnexion avec sentiment de satiété, bon moment en famille ou alors opportunité de prendre une pause sans distractions. Avaler un sandwich en quelques bouchées devant l’ordinateur est bien moins plaisant que de s’asseoir, idéalement avec des gens, et de prendre le temps de déguster les saveurs, analyser les textures, apprécier son plat, etc.
Établir ses besoins réels
Apprendre à dire non peut demander beaucoup d’efforts. Bien des gens craignent de laisser passer la prochaine opportunité en or: le FOMO (Fear Of Missing Out ou la peur de rater quelque chose) est une préoccupation bien réelle et largement répandue. Il y a tant de choses à faire, d’apprentissages possibles, d’événements auxquels assister, d’objectifs à atteindre, de livres à lire, d’endroits à visiter… Le monde est à notre portée!
Cependant, la vie n’est pas un tableau Pinterest. Prenez un temps de réflexion pour évaluer ce qui vous tient vraiment à cœur et faire le ménage dans vos désirs infinis. Chaque jour, au lieu de se demander ce qu’il y a à faire, pensons à ce qu’on choisit de faire. Quelles sont mes priorités, les vrais besoins? Les projets que je tiens à réaliser? Qu’est-ce qui me rejoint vraiment et mérite que j’y consacre de l’énergie? Laisser de l’espace pour ce qui compte réellement allège notre charge mentale et notre agenda; c’est tout autant rassurant que stimulant, en fin de compte.
Prendre du temps blanc: aérer son espace mental
Si vous nous suivez déjà, vous savez qu’on parle souvent de temps blanc, c’est-à-dire un laps de temps qu’on laisse volontairement vide pour laisser tomber la poussière dans sa tête. Ce moment de recul consiste en une pause stratégique en marge du brouhaha qui meuble nos journées. C’est un réflexe sain et bénéfique à adopter, autant au travail que dans la vie personnelle.
Il n’existe pas de bonne ou de mauvaise façon de se donner du temps blanc; il suffit de faire preuve de présence et de reposer ses pensées. Voici quelques idées:
- Se préparer un café ou thé et le savourer
- Bouger, s’étirer, se faire un auto-massage
- Regarder par la fenêtre, le visage au soleil
- Ouvrir la porte et prendre une grande bouffée d’air frais
- Faire une brève marche
- Quitter une réunion 5-10 minutes plus tôt
Pour des idées pratiques afin d’intégrer le temps blanc au quotidien, on suggère de sauvegarder notre mini-guide sur Instagram.
Renouer avec le bon vieux crayon-papier
Ce n’est pas un hasard si notre boîte à outils existe en format papier : on croit fermement en l’importance de laisser aller ses idées à la main! Coucher ses pensées sur papier a un effet calmant tout en stimulant l’apprentissage et la créativité grâce à la connexion neuromotrice entre la main et le cerveau.
Notes, gribouillis, écriture spontanée, planification et autres gagnent à être réalisés de façon manuscrite. En plus, n’est-il pas gratifiant de physiquement rayer une tâche de sa liste? On passe tellement de temps devant des écrans: ça ne peut pas nuire de reposer ses yeux en s’accordant une pause du numérique.
Trouver la satisfaction dans la simplicité
La satisfaction ne se cache pas que dans les expériences extravagantes; elle réside aussi dans les choses banales de la vie, celles qui nous font décrocher. Lire un bon livre, jaser avec un ami, cuisiner un délicieux repas ou prendre un bain chaud sont des plaisirs simples à ne pas prendre pour acquis.
Dans cet ordre d’idées, cultiver l’émerveillement est une façon agréable de ralentir et de faire preuve de gratitude. Les enfants ont beaucoup à nous apprendre là-dessus. À quand remonte la dernière fois où vous vous êtes arrêté pour apprécier la beauté d’une fleur, observer les nuages ou admirer un coucher de soleil?
Pour plus d’informations, on vous propose des pistes pour se bâtir des rituels satisfaisants de saison en saison dans nos billets d’automne, d’hiver et de printemps.
Faire une chose à la fois: adieu multi-tasking
Comme mentionné dans notre précédent article sur le fossé entre notre rythme naturel et le rythme imposé, le multi-tâches ne fonctionne pas; il nuit même à la performance! En effet, éparpiller son cerveau dans plusieurs projets à la fois lui demande plus d’efforts… et de temps. De surcroît, cela réduit notre capacité d’attention et de concentration.
Il s’avère beaucoup plus efficace de…
- segmenter son horaire en périodes spécifiquement consacrées à des tâches précises;
- se concentrer sur sa tâche et y travailler de façon appliquée;
- limiter les distractions au maximum (éteindre son téléphone, fermer sa boîte courriel).
Bref, le monotâche gagne à faire un retour en force.
Ralentir, un petit pas à la fois
Ralentir au travers du feu roulant du quotidien, c’est souvent plus facile à dire qu’à faire… c’est pourquoi notre premier conseil est toujours de s’accorder la permission d’en faire un peu moins chaque jour, en se concentrant sur l’important, une décision à la fois. N’essayons pas trop de performer dans notre ralentissement; ce serait assez contre-productif!
Envie de pousser la réflexion plus loin? Nos programmes audios sont spécialement conçus pour servir d’accompagnement dans une démarche de bienveillance personnelle. Le programme Les Saisons explore les thèmes de la temporalité et de la reconnexion au rythme naturel des choses, alors que Satisfaction offre des pistes pour trouver sa propre équation travail-famille-vie personnelle satisfaisante et influencer son milieu de travail.